(Précisions sur l'état de l'infirmière, §6)

MADRID, 11 octobre (Reuters) - Seize personnes susceptibles d'être porteuses du virus de la fièvre Ebola étaient en observation samedi en Espagne, cinq jours après l'apparition d'un premier cas de contamination locale à l'origine d'une polémique que le gouvernement s'efforce de désamorcer.

Teresa Romero, une infirmière de 44 ans, a contracté la maladie fin septembre. Elle avait soigné deux prêtres espagnols contaminés au Liberia et en Sierra Leone et qui sont par la suite décédés à Madrid, l'un début août, l'autre le 25 septembre.

Il s'agit du premier cas de contamination hors d'un pays d'Afrique de l'Ouest et du seul confirmé en Espagne. La maladie a fait plus de 4.000 morts depuis mars, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Après une aggravation il y a deux jours, l'état de santé de l'infirmière reste stable.

"L'état de santé de Teresa Romero n'a pas connu d'évolution significative et reste sérieux mais stable", a fait savoir samedi après-midi la cellule de crise mise en place par le gouvernement.

Des images de Reuters prises samedi montrent Teresa Romero assise dans sa chambre d'hôpital, bien droite, un masque à oxygène sur le visage, parlant au personnel médical qui s'occupe d'elle.

Une coiffeuse, une autre infirmière et une femme de ménage ayant été en contact avec Teresa Romero ont été placées vendredi soir en observation et à l'isolement dans une unité spéciale de l'hôpital Carlos III à Madrid, ce qui porte à 16 le nombre de personnes surveillées. Aucune n'a pour le moment présenté de symptômes. Parmi elles figure l'époux de Teresa Romero.

MARIANO RAJOY CONSPUÉ

Le gouvernement de Mariano Rajoy, mis en cause pour sa gestion de l'affaire, a tenté d'apaiser les esprits en annonçant vendredi la mise sur pied d'une cellule de crise dirigée par la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.

Les pouvoirs publics ont dans un premier temps imputé la responsabilité de la contamination à l'infirmière elle-même, qui aurait fait preuve de "négligence" en soignant le prêtre rapatrié de Sierra Leone. Teresa Romero a reconnu qu'elle s'était peut-être touché le visage avec un de ses gants de protection.

Des membres du personnel soignant ont hué Mariano Rajoy vendredi lorsqu'il s'est rendu à l'hôpital Carlos III et ont bombardé sa voiture de gants chirurgicaux.

Leurs syndicats et une partie de l'opinion s'interrogent sur la lenteur de la réaction du gouvernement, plusieurs jours s'étant écoulés entre le moment où Teresa Romero a dit souffrir de fièvres et le diagnostic de la maladie.

"La mauvaise gestion de cette crise par les responsables politiques est propice à la panique", souligne samedi l'éditorialiste d'El Mundo, évoquant le cas d'un enfant qui s'est vu refuser l'accès à son école parce que sa mère travaille dans le même hôpital que Teresa Romero.

Une manifestation était prévue samedi soir dans le centre de Madrid pour demander la démission de la ministre de la Santé, Ana Mato.

Parmi les seize personnes en observation figurent trois coiffeuses d'un salon ou l'infirmière s'était rendue avant le diagnostic, cinq médecins, un brancardier et quatre autres infirmières, dont l'une s'est également occupée des prêtres. (Sarah White; Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)