(Actualisé après commission d'investiture, §§ 1, 3-4 et 8)

* Deux figures plus consensuelles pour épauler le philosophe

* "L'incarnation du rassemblement", dit Wauquiez

* La commission d'investiture a validé son choix (Actualisé avec commission d'investiture)

PARIS, 29 janvier (Reuters) - La commission d'investiture des Républicains (LR) a ratifié mardi, à une large majorité, la décision de Laurent Wauquiez de confier les trois premières places de sa liste aux européennes à un trio emmené par François-Xavier Bellamy, un nouveau venu loin de faire consensus.

Pour assurer l'équilibre entre courants, le président du parti a flanqué le philosophe conservateur, réputé proche de La Manif pour tous, d'une ancienne porte-parole de Valérie Pécresse, Agnès Evren, et d'un ex-"juppéiste", Arnaud Danjean.

L'attelage a recueilli "un très large soutien" lors de la réunion de la commission d'investiture, au siège de LR, a annoncé le président de celle-ci, Eric Ciotti, à la presse.

Trente-huit de ses membres, formellement chargés d'approuver le choix de Laurent Wauquiez, se sont prononcé en faveur de cette option et deux s'y sont opposés, a précisé le député des Alpes-Maritimes.

"Ce trio, c'est l'incarnation du rassemblement de la droite et de ses différentes sensibilités", a justifié Laurent Wauquiez dans un interview au Figaro publiée mardi.

A ses yeux, François-Xavier Bellamy représente "la droite des valeurs", Agnès Evren "la droite urbaine" et Arnaud Danjean "la sensibilité du centre-droit".

La suite de la liste doit être dévoilée dans les semaines à venir.

Mardi, la commission d'investiture a voté à l'unanimité le principe selon lequel 50% des vingt premiers noms de la liste devront être candidats pour la première fois aux européennes - les 59 places suivantes ne seront probablement pas éligibles.

L'hypothèse François-Xavier Bellamy, qui circulait depuis plusieurs semaines, suscite bien des réserves au sein de LR, de nombreux poids lourds soupçonnant Laurent Wauquiez de vouloir réduire le parti à son seul noyau conservateur - celui qui a assuré le succès de François Fillon à la primaire de 2016.

"EXTRÊMEMENT CONSERVATEUR"

Plusieurs figures qui s'astreignent habituellement à un devoir de réserve, comme Gérard Larcher et Eric Woerth, ont exprimé ouvertement leurs doutes. Et d'autres, à l'image de Christian Jacob et Guillaume Peltier, ont apporté leur soutien à l'agrégé de philosophie, âgé de 33 ans, tout en prenant soin de se démarquer de sa ligne politique.

La tête de liste investie mardi a défilé dans les cortèges d'opposants à la loi Taubira sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe et exprimé ses réticences à l'égard de l'interruption volontaire de grossesse - une "conviction personnelle" - sans prôner l'abrogation de la loi Veil.

C'est "quelqu'un d'extrêmement conservateur, quelqu'un qui a des positions que je ne partage pas du tout, à la fois sur l'IVG, à la fois sur le mariage pour tous, à la fois sur la PMA (procréation médicalement assistée-NDLR)", a fustigé sur franceinfo le maire de Nice, Christian Estrosi, qui n'est plus membre aujourd'hui d'aucune instance dirigeante de LR.

Et "ce trio de tête n'incarne en rien cette France des territoires qu'il faut porter au Parlement européen", a ajouté l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

"Je suis surpris par les propos de certains", a répliqué Laurent Wauquiez à la foule des sceptiques, dans son interview au Figaro. "La droite ne se reconstruit pas en baissant la tête. Elle n'avance pas quand elle s'excuse de ses idées."

Les européennes s'annoncent comme un scrutin à haut risque pour la principale formation de droite, créditée de 12,5% dans un sondage Elabe pour BFM TV publié le 23 janvier, loin de ses scores habituels sous la Ve République. (Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)