* Quelque 3.000 militants réunis à Aubervilliers

* La majorité, dont Edouard Philippe, largement représentée

* "N'attendez pas une meilleure Europe, changez-la", dit Loiseau

PARIS, 30 mars (Reuters) - L'écologie et l'urgence du changement ont constitué samedi les fils rouges du premier meeting européen de la majorité en France où la tête de liste, Nathalie Loiseau, a plaidé à son tour pour la "renaissance" voulue par Emmanuel Macron sur le continent.

Alors qu'à Paris et en régions, les "Gilets jaunes" défilaient pour le 20e samedi consécutif, environ 3.000 militants, selon les organisateurs, se sont retrouvés aux docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour célébrer l'Europe à moins de deux mois des élections du 26 mai.

"On va gagner", a lancé la foule en brandissant des drapeaux français et européens au terme de cette réunion conclue par "la Marseillaise" et "l'Hymne à la joie", en présence du Premier ministre Edouard Philippe, d'une partie du gouvernement et de personnalités comme le président du MoDem François Bayrou, le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini et le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.

Dans un discours appliqué, l'ex-ministre des Affaires européennes, qui brigue un mandat électoral pour la première fois de sa carrière, a élevé l'écologie au rang de "première des urgences".

"Elle doit être partagée par tous parce que c'est de notre avenir qu'il s'agit", a dit Nathalie Loiseau, lunettes et veste rouge, saluant ses enfants assis tout près. "Nous ne voulons plus que l'écologie se limite à un pré carré, à un entre-soi militant, encore moins à une rente politique."

Quatre jours après l'annonce des 30 premiers noms de la liste LaRem-MoDem, la diplomate a répondu aux critiques ciblant un casting "fourre-tout", selon l'expression de la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, dont le camp est l'adversaire numéro un de la majorité dans les sondages.

"EUROPE AMBITIEUSE"

"Ce qui nous réunit c'est que nous n'avons pas l'Europe hargneuse, nous n'avons pas l'Europe frileuse. Ce qui nous rassemble c'est que nous voulons l'Europe ambitieuse", a-t-elle dit. "L'Europe nous a donné des racines, maintenant ce que nous voulons c'est qu'elle nous donne des ailes."

"N'attendez pas une meilleure Europe, changez-la", a-t-elle conclu derrière un pupitre marqué du mot "Renaissance", terme-clé rappelant la lettre publiée par Emmanuel Macron début mars dans 28 pays européens.

"Depuis deux ans, la France est de retour dans l'Europe. Depuis deux ans, Emmanuel Macron est au rendez-vous de sa promesse", a dit la candidate, qui a aussi invité les 28 à défendre des valeurs et à "refuser qu'un jour, l'Europe se décline en 50 nuances de brun".

Premier à prendre la parole, le journaliste Bernard Guetta, huitième sur la liste, a déconstruit les arguments de "messieurs les nationalistes".

"Pour l'Europe tout est inquiétant mais absolument rien, bien sûr n'est perdu. Il ne s'agit pas plus d'être optimiste ou pessimiste, mais déterminés à ne pas nous laisser désunir et croqués vifs, déterminés à nous affirmer car la question est d'être ou de ne pas être", a-t-il dit. "La réponse, elle est évidemment, oui, que nous voulons être."

"Agir pour l'Europe, c'est agir pour la France (...) Ayons l'Europe heureuse", a renchéri la sénatrice centriste Fabienne Keller, qui a fait applaudir Simone Veil, présidente du Parlement européen de 1979 à 1982.

Le Réunionnais Stéphane Bijoux, la navigatrice Catherine Chabaud, l'éleveur de bovins Jérémy Decerle ou encore l'écologiste Pascal Canfin ont, chacun, défendu l'environnement, qui s'annonce comme un thème majeur du scrutin du 26 mai.

"L'Europe doit faire de la lutte contre le réchauffement climatique sa priorité, ce sera la nôtre sur notre liste", a dit Pascal Canfin, ex-ministre du Développement dont le choix de servir la majorité a irrité ses camarades des Verts.

"Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre des paysans, notre pays a besoin de nombreux agriculteurs, c'est notamment une question de souveraineté alimentaire", a plaidé pour sa part Jérémy Decerle, ancien leader des Jeunes agriculteurs.

Entrée en politique il y a 18 ans après avoir navigué en solitaire autour du monde, Catherine Chabaud a partagé quant à elle sa devise : "Les rêves sont réalisables à condition d'entreprendre collectivement et de persévérer."

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(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse)