(Actaulisé avec citations supplémentaires, réaction)

PARIS, 4 mars (Reuters) - L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a annoncé lundi son soutien "sans aucune hésitation" à Emmanuel Macron en vue des élections européennes du 26 mai, un choix qui le place de facto à la marge de son parti d'origine, Les Républicains (LR).

Cette décision, annoncée dans une interview publiée sur le site internet du Figaro, n'est qu'une demi-surprise tant l'ancien sénateur a multiplié depuis 2017 les déclarations bienveillantes à l'égard du chef de l'Etat et parallèlement les mises en garde adressées au président de LR, Laurent Wauquiez.

Jean-Pierre Raffarin, aujourd'hui retiré de la vie politique active, dit s'être décidé à la lecture de la tribune aux accents de manifeste pro-européen que le chef de l'Etat publie ce lundi dans la presse des 28 pays membres.

"J'adhère au constat, à la vision et au projet", explique l'ancien chef du gouvernement dans Le Figaro. "C’est donc le projet du président que je soutiendrai sans aucune hésitation."

"Aujourd’hui, affaiblir le président français, c’est affaiblir la France", répond-il par ailleurs lorsqu'on lui demande pourquoi il n'opte pas pour la liste de LR.

L'ancien dirigeant chiraquien dit s'inscrire dans une logique non pas de ralliement mais de "coalition" avec le parti présidentiel, La République en marche (LaRem), qu'il dit n'avoir aucune intention de rejoindre.

"Nous avons, sur la politique intérieure, un certain nombre de divergences avec le chef de l’État, comme sur les questions de décentralisation ou de fiscalité", prend-il soin de préciser.

Dans un courrier du 1er mars adressé à Jean-Pierre Raffarin et révélé par le journal L'Opinion, Laurent Wauquiez l'avait pressé de venir faire connaître son choix lors d'une réunion du bureau politique, prévue le 12 mars.

Dans l'entourage de Laurent Wauquiez, on dit regretter "qu'il n'ait pas eu le courage de venir s'en expliquer". "Cette clarification est la bienvenue même si nous regrettons qu'elle soit tardive", ajoute-t-on.

"On comprend très bien qu'ils veulent tous les deux (Emmanuel Macron et Jean-Pierre Raffarin-NDLR) d'une Europe qui persiste dans ses erreurs et qui continue à s'éloigner des Français", juge pour sa part Laurence Sailliet, porte-parole de LR, jointe par Reuters.

Ce départ désormais quasiment acté de LR s'ajoute notamment à celui d'Alain Juppé, autre ancien Premier ministre et représentant de la droite pro-européenne, qui a formellement cessé d'appartenir à LR en début d'année. (Simon Carraud, édité par Marine Pennetier)