L'Agefi réalise chaque mois une enquête sur les prévisions des gérants pour les principales classes d'actifs. La dernière enquête sur le crédit a été réalisée du 11 au 21 décembre 2017 auprès de 21 établissements financiers.

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les perspectives du marché du crédit sont en berne pour 2018. Les panélistes l'ont bien compris, en redevenant neutres sur la classe d'actifs pour le mois de janvier, sans pour autant qu'aucun d'entre eux n'ose encore la sous-pondérer dans leur portefeuille.

Le camp neutre concernant les perspectives d'évolution des spreads de crédit s'est en outre renforcé depuis le mois dernier, Nordea Investment Funds se montrant le plus pessimiste de tous les gérants d'actifs interrogés par L'Agefi. La part de cash dans leurs portefeuilles a également été sensiblement augmenté d'un point à 4,6%, CPR AM et Swiss Life Asset Managers étant les plus prudents. Les compartiments de la dette financière et subordonnée restent aussi privilégiés par les panélistes, avec une maturité moyenne autour de 5 ans.

Il faut dire que l'appétit manifesté pour les obligations corporates au cours de l'année 2017 a rendu les rendements peu attractifs en ce début d'année. Ils sont ainsi désormais inférieurs à 1% sur le segment investment grade (>> IGI Laboratories, Inc.) et inférieurs à 3% sur le high yield (>> Hyster-Yale Materials Handling Inc). Les spreads sont également revenus à des niveaux proches de leur plus bas historiques, ce qui annonce un potentiel de baisse supplémentaire limité. Sur le marché du cash, l'indice iBoxx Corporates est resté sous le seuil des 100 poiunts de base (pb) de spreads contre le taux de référence, alors que les indices synthétiques iTraxx Main et Cross-Over sont également très en dessous des seuils de 50 pb et 250 pb. Si les spreads IG sont à moins de 8 pb de leur plus bas de 2017, ceux du HY restent supérieurs d'environ 50 pb, malgré un resserrement de 110 pb sur l'année.

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait cependant apporter un soutien précieux au marché du crédit. Yves Mersch, membre du Comité de l'autorité, a d'ailleurs confirmé vendredi dernier que la part de la dette privée dans le programme d'assouplissement quantitatif (QE) devrait légèrement augmenter en 2018. Si Natixis estime que la part devrait atteindre 25%, les achats nets mensuels d'obligations corporates par la BCE devraient néanmoins ralentir de 25% à 5,5 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année 2018, par rapport au rythme moyen enregistré en 2017, en intégrant les réinvestissements de tombées de titres dans son portefeuille.

"Si l'impact du programme a été de -21,3 pb depuis sa mise en place, compte tenu de la baisse de la sensibilité des spreads au CSPP, la poursuite des achats en 2018 n'aura qu'un impact limité, à -2,5 pb", ajoute Natixis.

-Patrick Aussannaire, L'Agefi. ed: VLV

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