par Nina Chestney et Agnieszka Flak

DURBAN, Afrique du Sud, 10 décembre (Reuters) - La présidence sud-africaine de la conférence de Durban sur le climat a appelé samedi en fin d'après-midi les délégations à accepter les projets d'accord toujours en suspens mais pays riches et pays pauvres continuent de se renvoyer la responsabilité de la portée limitée de ces textes.

Les discussions, qui étaient censées s'achever vendredi, devraient se poursuivre dimanche pour la seconde journée supplémentaire.

Mais l'ambiance tendue des dernières heures n'augurent pas pour autant d'un accord entre les quelque 200 délégations présentes depuis le 28 novembre à Durban.

Quatre projets de texte sont soumis aux délégués. Ils représentent, selon la présidence sud-africaine, un bon résultat à l'issue de deux semaines de négociations souvent tendues.

"Je pense que nous avons tous conscience qu'ils ne sont pas parfaits. Mais nous ne devons pas laisser le mieux devenir l'ennemi du bien", a dit Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères et présidente de la conférence de Durban.

"Accordons-nous pour accepter ce 'paquet Durban'. J'ai le sentiment que les quatre textes qui sont devant nous constituent un ensemble de résultats complet, équilibré et crédible pour cette conférence", a-t-elle ajouté.

Sur la suite du protocole de Kyoto, premier cadre international juridiquement contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre dont la première phase d'engagement expire fin 2012, le projet sud-africain suggère que sa seconde phase s'achève en 2017.

La définition de règles communes quantifiant la déforestation et les mécanismes de permis d'émissions de gaz à effet de serre sont également au centre des blocages.

FONDS VERT ET PROTECTION DES FORETS

Les négociateurs ont stoppé les pendules vendredi soir pour tenter d'arracher un accord sur un plan de lutte contre le réchauffement climatique et éviter que la conférence de l'Onu se solde par un nouvel échec, deux ans après l'accord a minima de Copenhague et douze mois après le résultat insatisfaisant de Cancun.

"C'est le désordre le plus complet mais nous tentons toujours de conclure un accord", soulignait dans l'après-midi un délégué occidental.

Les pays en développement les plus menacés par le réchauffement climatique se sont élevés vendredi soir contre le projet d'accord soumis par l'Afrique du Sud, contraignant le pays hôte à mettre au point une nouvelle proposition dans l'espoir d'empêcher un échec des discussions.

Le point central des désaccords repose sur les moyens nécessaires pour rendre ce futur traité juridiquement contraignant.

La première version des conclusions de la conférence de Durban évoquait un simple "cadre légal", ce qui selon ses détracteurs n'engageait personne à quoi que ce soit.

La nouvelle version, concoctée par Maite Nkoana-Mashabane, a déçu l'UE et les pays en voie de développement qui déplorent l'absence de précisions concernant le financement de la lutte contre le changement climatique et de calendrier concernant les objectifs de réduction de gaz à effets de serre.

L'UE est parvenue à réunir de nombreux soutiens autour de son projet fixant comme objectif la conclusion d'un nouveau traité climatique en 2015 au plus tard, pour une entrée en vigueur en 2020.

Ce traité imposerait des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre aux principaux pays pollueurs.

La Chine, l'Inde et les Etats-Unis, les trois plus grands émetteurs, refusent toujours de s'engager sur des objectifs juridiquement contraignants réclamés par l'Union européenne.

Les délégués devaient encore débattre de la formulation finale des conclusions sur diverses autres mesures, notamment la protection des forêts et la création d'un Fonds Vert pour le climat (GCF) qui aiderait les pays pauvres à lutter contre les effets du réchauffement. (Gregory Schwartz et Marine Pennetier pour le service français)