Richard Barley,

The Wall Street Journal

La Banque centrale européenne (BCE) a rendez-vous avec le destin cette semaine.

Alors que l'inflation s'est établie à -0,2% en décembre dans la zone euro et risque de décliner encore, les experts pensent quasiment tous que le président de la BCE, Mario Draghi, annoncera un programme de rachats d'emprunts souverains jeudi.

Jusqu'à présent, Mario Draghi a fait des merveilles avec des mots. Les investisseurs lui demandent désormais de joindre le geste à la parole. La décision de la Banque nationale suisse (>> Bank of Nova Scotia) la semaine dernière d'abolir le cours plancher de 1,20 franc pour un euro est considérée par de nombreux observateurs comme un signe que la BCE s'apprête à délier les cordons de la Bourse afin de porter son bilan du niveau actuel de 2.170 milliards d'euros à 3.000 milliards d'euros.

Des incertitudes demeurent

Si Mario Draghi n'annonce pas de programme d'assouplissement quantitatif (QE) cette semaine, les marchés réagiront probablement mal. S'il en annonce un, les investisseurs pourraient ne pas obtenir toutes les précisions souhaitées.

En effet, on ne sait ni si la BCE est parvenue à résoudre tous les obstacles pratiques liés au rachat d'emprunts d'Etat dans la zone euro, ni si l'assouplissement quantitatif fonctionnerait vraiment dans la région.

Le système financier de l'union monétaire dépend davantage des banques que des marchés de capitaux, ce qui incite certains observateurs à s'interroger sur l'efficacité d'une approche fondée sur les marchés. En outre, il existe encore des barrières structurelles à une amélioration de la croissance.

Dans la zone euro, le mystère de l'assouplissement quantitatif est par ailleurs épaissi par des questions sur sa forme. Une idée serait que le risque d'acheter des obligations souveraines soit supporté par les banques centrales nationales. Cela pourrait sembler acceptable aux marchés dans l'immédiat, mais risquerait de créer des problèmes à terme si une nouvelle crise budgétaire surgissait. Une autre option serait d'acheter uniquement des emprunts notés triple-A. Quelle que soit la solution choisie, le risque d'un compromis décevant pour les marchés reste grand.

Opération de politique monétaire ou mutualisation des risques?

La BCE affirmera que l'assouplissement quantitatif constitue une simple opération de politique monétaire. Mais certains lui répondront qu'il s'agit d'une mise en commun des risques budgétaires, ce à quoi la zone euro n'est politiquement pas prête à faire face.

Une chose est certaine toutefois. Contrairement à août 2011, date à laquelle le Programme pour les marchés de titres (>> Standard Motor Products, Inc.) avait été réactivé, la BCE ne pourra se contenter de faire allusion à des rachats d'obligations. Si elle souhaite procéder à de telles opérations, elle devra l'énoncer clairement.

-Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck)

Valeurs citées dans l'article : Bank of Nova Scotia, Standard Motor Products, Inc.