par Ange Aboa

BANGUI, 30 mars (Reuters) - Michel Djotodia, qui a pris le pouvoir le 24 mars à Bangui à l'issue d'une offensive militaire éclair des rebelles du Séléka, a exclu samedi tout acte de représailles contre ses adversaires et exhorté ses compatriotes qui se sont enfuis à l'étranger à revenir au pays.

"Je lance un appel patriotique et fraternel à nos compatriotes, qui ont choisi le chemin de l'exil, de rentrer", a déclaré cet ancien diplomate formé en Union soviétique.

"Il n'y aura aucune chasse aux sorcières parce que nous devons promouvoir la tolérance, le dialogue et le pardon", a-t-il lancé devant une foule de milliers de partisans enthousiastes réunis aux abords du palais présidentiel.

Alors que la vague de pillage s'est calmée à Bangui, Michel Djotodia a annoncé que ceux qui se rendraient coupables de tels actes seraient traduits devant les tribunaux.

Il a également demandé l'aide de la communauté internationale, et notamment de la France, l'ancienne puissance coloniale qui compte un petit contingent militaire en RCA chargé de la protection de la communauté française.

Le coup d'Etat contre le président François Bozizé a été condamné par la communauté internationale, et l'Union africaine a suspendu la Centrafrique de ses rangs et pris des sanctions à l'encontre de ses nouveaux dirigeants, y compris Michel Djotodia.

SOMMET REGIONAL AU TCHAD LE 3 AVRIL

Samedi, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas le nouveau régime de Bangui et indiqué que pour eux, c'est le Premier ministre sortant, Nicolas Tiangaye, qui est le seul et authentique chef de l'exécutif centrafricain.

Pour les Américains et les Français, le Séléka doit mettre eu oeuvre l'accord de partage du pouvoir signé en janvier à Libreville. Cet accord, signé par les rebelles et le gouvernement de François Bozizé, prévoit une transition jusqu'au scrutin présidentiel de 2016 auquel le chef de l'Etat déchu n'était pas autorisé à se présenter.

"Nous condamnons fermement la prise illégitime du pouvoir par la force de l'alliance du Séléka, la proclamation de Michel Djotodia comme président et la suspension de la Constitution et de l'Assemblée nationale", a déclaré à la presse Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat.

La crise au Centrafrique sera au coeur du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) prévu le 3 avril à N'Djamena à l'invitation du président tchadien Idriss Déby en présence du chef de l'Etat sud-africain Jacob Zuma. Treize militaires sud-africains ont péri lors de l'entrée des rebelles dans Bangui.

Michel Djotodia s'est engagé à agir selon l'esprit de l'accord passé dans la capitale gabonaise et a annoncé vendredi qu'il quitterait le pouvoir en 2016.

Samedi, une coalition de huit partis d'opposition, dont celui du Premier ministre, a rejeté la période de transition de trois ans proposée par Michel Djotodia et demandé de nouvelles discussions pour réviser l'accord de Libreville.

"Après nous être consultés, nous pensons qu'une transition de 18 mois serait raisonnable pour organiser de nouvelles élections démocratiques", a expliqué à Reuters le porte-parole du groupe, Edouard Koyambounou.

(Jean-Loup Fiévet pour le service français)