par Silvia Ognibene

MARINA DI PIETRASANTA, Italie, 2 septembre (Reuters) - Le gouvernement italien fera le "choix historique" de privilégier ses citoyens aux dépens de ce que préconisent les agences de notation, a déclaré dimanche le vice-président du Conseil Luigi Di Maio.

Il répliquait là à l'agence Fitch Ratings qui, tout en confirmant la note à long terme BBB de la Péninsule, l'a assortie vendredi d'une perspective négative, contre stable auparavant, en invoquant la "nature nouvelle et inédite" du gouvernement anti-système italien et ses promesses de hausse des dépenses publiques.

Le ministre italien de l'Economie, Giovanni Tria, s'est voulu rassurant, samedi, en déclarant que Rome respecterait ses engagements budgétaires vis-à-vis de l'Union européenne, dans les choix concrets qu'il exposera dans les semaines à venir.

Dimanche, Luigi Di Maio, qui est par ailleurs le chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S), l'une des deux composantes de la coalition, s'est montré moins diplomate en s'engageant à concrétiser ce qui était l'objectif de campagne de sa formation - un revenu universel pour les pauvres.

"En 2019, il faut lancer le revenu universel", a-t-il dit lors d'une conférence sur la côte de Toscane. "Nous devons inscrire son financement au budget, de sorte qu'au moins cinq millions d'Italiens pauvres puissent se réinsérer dans le monde du travail", a continué le vice-président du Conseil.

Contrairement aux précédents gouvernements, a-t-il souligné, la coalition, composée du M5S et de la Ligue (extrême droite) et aux commandes depuis juin, fera passer les citoyens avant les agences de notation.

TRIA SE VEUT RASSURANT

"Il n'est pas question d'écouter les agences de notation et de rassurer les marchés et ensuite de poignarder les Italiens dans le dos", a-t-il dit. "Nous devons faire passer les Italiens en premier".

D'ici la fin du mois, l'Italie doit dévoiler sa trajectoire budgétaire et de croissance, et son projet de budget 2019 doit être entériné d'ici la fin octobre.

Dans une interview que publie dimanche La Repubblica, Giovanni Tria assure que l'Italie respectera ses engagements envers l'UE et que, lorsque le gouvernement aura présenté ses projets de réforme et les paramètres budgétaires, "l'écart de rendement se réduira".

Après deux mois de reflux, les rendements des emprunts d'Etat italiens sont repartis à la hausse ces dernières semaines en raison des inquiétudes suscitées par la politique économique et budgétaire du gouvernement de coalition, dont les deux partis sont très critiques envers les règles budgétaires européennes.

Le rendement des obligations d'Etat italiennes à 10 ans a atteint vendredi un plus haut de trois mois à 3,34%.

En plus du revenu universel, le gouvernement de coalition a l'intention d'abaisser les impôts, de revenir pour partie sur la réforme des retraites de 2011, de renoncer à la hausse automatique de la TVA l'année prochaine et d'accroître les investissements dans les travaux publics.

Les dernières statistiques laissent toutefois penser que l'économie italienne, la troisième de la zone euro, connaît un certain ralentissement cette année, ce qui réduit un peu plus la marge de manoeuvre du gouvernement. Et la dette publique italienne - de l'ordre de 2.300 milliards d'euros, soit plus de 130% du PIB du pays - rend la Péninsule d'autant plus vulnérable à l'évolution du sentiment des investisseurs. (Eric Faye pour le service français)