Sur le marché des changes en Europe, l'inquiétude initiale faisait place à plus de sang-froid après qu'à l'encontre des anticipations dominantes, le républicain Donald Trump semble devoir devenir le 45e président des Etats-Unis. A cette heure, l'euro revient à 1,1097 dollar (+ 0,74%), un niveau nettement plus mesuré que les 1,1305 dollar touchés pendant la nuit à l'annonce des premiers résultats.

Si l'euro prend ce midi 0,30% environ face au sterling (à 0,8928) et au franc suisse (à 1,0819), il recule cependant de 1,25% face au yen japonais (à 114,38), traditionnelle devise refuge en Asie.

Du côté des devises, le mouvement le plus spectaculaire frappe le peso mexicain : il faut désormais 20 pesos pour acheter un dollar américain, soit 9,3% de plus que la veille au soir. Les propos très “anti-chicanos” tenus par Donald Trump durant sa campagne et sa volonté de remettre en cause les accords de libre échange nord-américains, notamment l'ALENA, pourraient fortement pénaliser l'économie du Mexique. Et donc sa monnaie.

Mais la paire peso/dollar a cependant atteint jusqu'à 20,78. Idem pour le cours de l'once d'or : dans la nuit, le cours du métal jaune a bondi de 1.280 jusqu'à 1.337 dollars sur le marché au comptant, avant de revenir à cette heure autour des 1.300 dollars. Un mouvement de modération qui vaut aussi pour l'euro/dollar ce midi.

Certes, la grande majorité de la communauté financière s'attendait à une victoire de la candidate démocrate Hillary Clinton. Manqué : à l'issue d'un scrutin serré, c'est Donald Trump, soutenu avec plus ou moins d'allant par le Parti républicain dont il est le candidat, qui devrait emporter les suffrages des grands électeurs désignés par les Américains.

Pendant sa campagne, Donald Trump n'a pas lésiné sur les propos contradictoires et à l'emporte-pièce, notamment en dénonçant (plus fort que Mme Clinton) les accord de libre échange liant les Etats-Unis, ce qui a inquiété les financiers. De plus, M. Trump a fait d'une baisse des impôts sa priorité, ce qui menace le solde budgétaire fédéral, et par ricochet le dollar.

Mais il faut savoir raison garder : l'Election Day de la veille appelait les Américains à bien d'autres scrutins que les présidentielles. Les électeurs ont aussi renouvelé une partie du parlement fédéral (la Chambre des représentants et le Sénat), sans oublier nombres d'élections locales. Bilan : les Républicains dominent toujours “Capitol Hill”, le bâtiment du Congrès à Washington. Or tel était également le scénario privilégié par Wall Street qui, pariant sur une “cohabitation”, n'est donc pas déçue sur toute la ligne.

Bien évidemment, commente SG ce matin, “reste à savoir comment tous ces Républicains parviendront à travailler ensemble”. A cette fin, il faudra suivre de près qui sera choisi pour faire partie de l'“administration Trump”. Mais le marché semble parier sur le fait qu'en matière de politique intérieure au moins, Donald Trump s'appuiera sur des républicains “classiques”.

Autre facteur ayant affecté le dollar : l'incertitude soudaine quant à la décision de la Fed sur ses taux directeurs, le 14 décembre. Hier encore, l'opinion fortement majoritaire (plus de 80%) était que la banque centrale américaine allait de nouveau relever ses taux courts le mois prochain. Une perspective qui devient moins évidente maintenant que l'“aléa Trump” s'est concrétisé.

“La Fed est prise entre deux deux : d'un côté des statistiques favorables, et de l'autre l'incertitude des marchés liés à l'élection de Donald Trump”, commente-t-on chez Société Générale. Chez Fidelity International, on estime ce matin que 'la probabilité d'une hausse des taux en décembre, suivie de deux autres en 2017, a considérablement diminué' pour revenir aux environs de 50%.

Le dollar pourrait faire les frais d'un report de la décision de la Fed, mais avec mesure cependant : certains analystes, comme ceux Société Générale, estiment que les baisses d'impôts promises par Trump devraient être effectives dès 2017. Soit bien avant que la remise en cause des accords de libre échange ne se fasse sentir, même si les conséquences négatives de ces dernières mesures seront de plus longue haleine.

Attention, dans tous les cas de figure, à ne pas sur-réagir à chaud : “les risques (découlant de l'élection de Donald Trump) restent abstraits et on ne peut savoir comment les marchés les reflèteront”, ajoute Fidelity. Ce qui ouvre la voie à une période marquée par l'attentisme et l'incertitude.

EG


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