* Les rebelles craignent un morcellement de leur territoire

* Le régime annonce la reprise d'un nouveau quartier d'Alep-Est

* Les civils fuient vers des zones sous contrôle kurde ou du gvt (Actualisé avec milliers de déplacés §1, 8)

par Lisa Barrington

BEYROUTH, 28 novembre (Reuters) - Des milliers d'habitants des quartiers d'Alep-Est ont pris la fuite, poussés par le déplacements rapide des lignes de front des combats, rapportent dimanche des résidents et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) après une avancée des forces du régime.

L'armée syrienne a annoncé dimanche avoir pris le contrôle du quartier rebelle de Djabal Badro à Alep-Est, qui jouxte celui de Hanano conquis la veille. Dans la soirée, elle a annoncé qu'un troisième quartier, Holok, avait été repris au terme de combats qui ont fait de nombreux morts parmi les "terroristes".

Les médias officiels syriens évoquent pour leur part une progression des forces pro-Bachar al Assad dans les districts de Boustan al Bacha, Haïdarïa et Sakhour.

Les frappes aériennes sur les quartiers résidentiels d'Alep-Est, dernier grand bastion urbain de la rébellion syrienne assiégé depuis l'été par les forces gouvernementales, ont repris le 15 novembre après plusieurs semaines de pause, s'accompagnant d'une offensive terrestre.

Ni Hanano ni Djabal Badro ne sont des quartiers densément peuplés mais l'avancée des troupes gouvernementales fait craindre aux insurgés que la partie nord d'Alep-Est soit séparée de la partie sud, ce qui affaiblirait les rebelles et rapprocherait de nombreux habitants des lignes de front.

La reconquête d'Alep dans le nord de la Syrie, la plus grande ville du pays avant la guerre, serait un succès majeur pour le président Bachar al Assad après cinq ans et demi d'un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et 11 millions de déplacés.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui suit la guerre quotidiennement en s'appuyant sur un réseau d'informateurs sur le terrain, a déclaré qu'environ 400 personnes avaient quitté des zones d'Alep-Est encore sous contrôle rebelle pour se rendre à Hanano, d'où certains ont été transférés vers Alep-Ouest, tenu par le gouvernement.

Les médias d'Etat estiment qu'au moins 1.500 habitants des zones rebelles ont fui vers des territoires sous contrôle gouvernemental, soit l'exode le plus massif depuis plusieurs mois.

Certains habitants ont également gagné un quartier d'Alep contrôlé par les milices kurdes YPG, qui ne combattent pas les forces loyalistes et ne sont pas visées par les raids aériens. Une trentaine de familles ont rejoint ce quartier de Cheikh Maksoud, selon l'OSDH.

PILONNAGES

Le ministère russe de la Défense, cité par les agences de presse russes, a déclaré dimanche que plus de 900 civils, dont 119 enfants, avaient quitté Djabal Badro au cours des dernières 24 heures.

"Nous avons quitté Hanano à cause des bombardements de l'armée syrienne pendant leur assaut, et du chlore", a déclaré à Reuters Muhammad, qui tait son nom de famille pour des raisons de sécurité.

Muhammad s'est rendu à un arrêt de minibus avec son épouse, sa mère et ses trois enfants en espérant rejoindre Alep-Ouest. Selon lui, 200 à 300 familles vivent encore à Hanano, mais elles effectuent des allées et venues depuis le début de la guerre, en fonction de l'intensité des bombardements.

Selon les Nations unies, au moins 250.000 habitants sont toujours assiégés dans l'est d'Alep sous contrôle rebelle.

L'OSDH, des sources rebelles et les médias officiels syriens ont rapporté dimanche que des combats acharnés se poursuivaient dans les quartiers adjacents à ceux de Hanano et Djabal Badro, mais les insurgés ont dit avoir des difficultés à repousser leurs assaillants en raison de pilonnages incessants.

"Les forces révolutionnaires renforcent leurs lignes de défense autour de Hanano", a déclaré Yasser al Youssef, membre du bureau politique du groupe rebelle Nour al Dine al Zinki. "Mais les avions ont tout détruit, les pierres, les arbres et les hommes, dans une politique de destruction systématique."

Des centaines d'habitants de la partie nord d'Alep-Est sont également descendus vers le sud, de peur d'être pris au piège si les forces loyalistes parvenaient à couper en deux le bastion rebelle.

"Il y a des familles qui sont épuisées et l'armée progresse de façon spectaculaire", a dit Ibrahim Abou Laïss, un responsable de la défense civile à Alep-est. (Lisa Barrington; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)