SOWETO, Afrique du Sud, 11 avril (Reuters) - Des milliers de Sud-Africains ont rendu hommage à Winnie Madikizela-Mandela, mercredi à Soweto, lieu symbolique de la lutte contre l'apartheid, où l'ex-épouse de l'ancien président Nelson Mandela est vénérée.

La cérémonie, organisée dans un stade de football, a donné lieu à des chants et danses en l'honneur de Winnie Madikizela-Mandela, morte le 2 avril à l'âge de 81 ans, des suites d'une longue maladie.

De nombreuses personnes arboraient les couleurs verte et jaune du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), au sein duquel Winnie a lutté contre le pouvoir blanc.

"Madame Winnie a grandement contribué à notre lutte donc c'est logique d'être présent aujourd'hui. Nous sommes venus nous recueillir et en même temps célébrer notre liberté", a déclaré Lucky Tshabalala, un entrepreneur de 37 ans natif de Soweto.

"Elle est tout pour moi", a-t-il ajouté.

Winnie, militante de la lutte anti-apartheid, avait épousé Nelson Mandela en 1958. Ils s'étaient séparés en 1992, deux ans après la sortie de prison de son mari, pour laquelle elle avait oeuvré. Elle avait pris le nom de Madikizela-Mandela quatre ans plus tard, une fois le divorce prononcé.

Devenue une icône, celle qui était considérée à la libération de "Madiba" comme la "mère" de la nouvelle Afrique du Sud avait cependant vu son image se ternir à cause d'affaires judiciaires et politiques, en particulier pour les dérives du "Mandela United Football Club" (MUFC), dans la cité noire de Soweto, pendant les dernières années de l'apartheid.

INDESTRUCTIBLE

Accusée d'avoir fait assassiner le militant anti-apartheid Stompie Seipei, retrouvé la gorge tranchée près de sa maison de Soweto, la "mère de la nation" déchue avait été condamnée à six ans de prison en 1991 pour avoir enlevé et agressé un adolescent de 14 ans qu'elle soupçonnait d'être un informateur. Sa peine avait finalement été réduite en appel à une simple amende.

Malgré cela, le décès de Winnie a suscité une vive émotion dans les rues de Soweto. Après deux semaines de deuil, elle sera enterrée samedi à Johannesburg, où elle résidait.

"Dans la vie comme dans la mort, tu demeures indestructible", a déclaré le vice-président sud-africain, David Mabuza, lors de la cérémonie.

Winnie a dédié sa vie "à la quête d'un monde plus humain pour tous les enfants de notre terre, qu'ils soient noirs ou blancs", a-t-il ajouté.

Une autre cérémonie a été organisée par le parti d'extrême gauche des Combattants de la liberté économique (EFF) à Brandfort, où Winnie Madikizela-Mandela avait été bannie par le gouvernement de l'apartheid dans les années 1970 et 1980.

De nombreux sud-Africains se souviennent de l'image de Winnie accueillant, point levé, Nelson Mandela à sa sortie de la prison de Robben Island en 1990, après 27 ans de lutte contre l'apartheid.

"Elle m'inspire. J'aimerais que d'autres femmes engagées soient comme elle", a affirmé Zanele Ngubo, âgée de 18 ans, qui est née après la fin de l'apartheid. (Nomvelo Chalumbira, Ed Stoddard, Jean Terzian pour le service français)