Peter Praet, membre du directoire de la banque centrale, s'exprimait lors d'une conférence à Londres quelques semaines avant une réunion de la BCE le 26 octobre au cours de laquelle sera discuté l'avenir de son plan de rachats d'obligations.

"Dans des conditions de marché plus normales (...) les investisseurs pourraient devenir 'plus patients', ou, en d'autres termes, mieux à même d'évaluer le soutien à attendre d'un plan de rachats réalisé sur une période plus longue", a-t-il dit.

Le débat du 26 octobre portera sur la question de savoir s'il est préférable de prolonger les achats pour une période relativement longue, avec des montants mensuels réduits, ou bien pour une période plus courte avec des montants aussi importants.

Peter Praet n'a pas donné sa préférence, mais les mesures de volatilité du marché ont été faibles ces derniers temps, avec une parité de l'euro conforme aux projections de la BCE, des marchés obligataires calmes et un secteur bancaire en Bourse qui a progressé de façon régulière depuis la fin du mois d'août.

Les "faucons" de la politique monétaire notent qu'après avoir acquis plus de 2.000 milliards d'euros d'obligations, la BCE ne peut avoir que peu d'impact avec ses nouveaux rachats.

Mais Praet souligne que même si la BCE réinvestit les liquidités dégagées des obligations arrivées à échéance, la maturité moyenne de son portefeuille devrait quand même raccourcir. Le maintien d'un portefeuille de titres inchangé exercerait donc naturellement une pression à la hausse sur les intérêts des obligations à long terme par rapport aux échéances plus courtes, resserrant ainsi les conditions de financement.

En outre, avec l'augmentation du flux des émissions de dette, si la BCE maintient son bilan au niveau actuel, elle détiendra automatiquement une portion moindre du marché, dit-il.

Praet a également déclaré que la BCE avait réitéré sa communication avancée ("forward guidance"). Il a ajouté que la BCE n'avait pas fini son travail malgré la reprise économique et qu'une sortie sans heurt des politiques ultra-accommodantes d'après-crise ne serait possible qu'à condition qu'elle conserve un contrôle stricte sur les taux d'intérêt à court terme.

"Dans un processus de normalisation, il faut que la normalisation soit ordonnée (...) et il faut donc maintenir une forte emprise sur les taux à court terme", a-t-il ajouté.

(Marc Jones, avec Balazs Koranyi et Francesco Canepa, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)