par David Alexander et Phil Stewart

WASHINGTON, 6 octobre (Reuters) - L'armée américaine a engagé pour la première fois dimanche et lundi des hélicoptères de combat en Irak contre les djihadistes de l'Etat islamique, a annoncé le Commandement central (CentCom) de l'US Army.

Des batteries de mortiers ont notamment été visées près de la ville de Falloudja, à 70 km à l'ouest de Bagdad, à la demande du gouvernement irakien, a précisé le commandant Curtis Kellogg, un porte-parole du CentCom.

Selon des sources militaires, ce sont des hélicoptères Apache qui ont mené ces missions.

La décision d'utiliser des Apache montre que les frappes aériennes des chasseurs, des bombardiers et des drones n'ont donné que des "résultats limités", estime Richard Fontaine, président du Centre pour une nouvelle sécurité américaine (CNAS).

Pour Christopher Harmer, ancien aviateur de la Navy devenu analyste pour l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), il y a avec cette décision une augmentation importante du niveau de risque pris par les troupes américaines qui aident l'armée irakienne.

"Les aéronefs à voilure fixe volant à 30.000 pieds (9.000 mètres) ne peuvent être atteints par le type d'armes dont disposent les combattants de l'Etat islamique; ce n'est pas le cas pour un hélicoptère", commente Christopher Harmer.

"Quand on vole en hélicoptère à 150 pieds (50 mètres) au-dessus du sol, cet hélicoptère peut être abattu au lance-roquettes ou à la mitrailleuse lourde (...). Aussi oui, c'est nettement plus dangereux", ajoute-t-il.

La décision d'avoir recours à des hélicoptères, explique le colonel Steve Warrant, porte-parole du Pentagone, a été prise en raison de la nature des cibles.

Les hélicoptères seront nettement plus efficaces pour soutenir les troupes au sol irakiennes directement engagées dans les combats avec les djihadistes de l'EI parce qu'ils peuvent voler plus bas et plus lentement et sont donc mieux à même d'identifier des cibles individuelles, explique Christopher Harmer.

Le colonel Warren nie que l'utilisation des hélicoptères revienne à un glissement de la mission.

Richard Fontaine n'est pas d'accord. Pour lui, la distinction que tente de conserver le gouvernement américain entre engager des troupes au sol en Irak et fournir un soutien aérien aux forces irakiennes est en train de disparaître.

"Vous savez, dit-il, 1.600 soldats en Irak, ce sont des troupes sur le terrain et les frappes aériennes et des attaques d'hélicoptères c'est du combat", dit-il. (Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français)