AL-ARISH, ÉGYPTE, 11 décembre (Reuters) - Une douzaine d'émissaires du Conseil de sécurité des Nations Unies (Onu) se sont rendus lundi à la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza, quelques jours seulement après que le Secrétaire général Antonio Guterres a averti que des milliers de personnes dans l'enclave palestinienne assiégée sont "tout simplement affamées".

Les envoyés ont atterri dans la ville d'Arish pour être informés par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) de la situation à l'intérieur de la bande de Gaza avant de se mettre en route vers le point de passage de Rafah, à 48 km de là. Sur leur chemin, ils ont croisé des dizaines de camions attendant de livrer de l'aide aux habitants désespérés de la bande de Gaza.

"La réalité est encore pire que ce que les mots peuvent exprimer", a déclaré Jose De La Gasca, représentant de l'Équateur à l'Onu, aux journalistes après la réunion avec l'UNRWA.

Le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a décrit une "implosion de l'ordre civil" où les habitants de Gaza, qui n'ont pas mangé depuis des jours, pillent les centres de distribution d'aide et arrêtent les camions sur les routes en essayant d'obtenir des vivres pour leurs familles.

"L'aide est insuffisante", a-t-il déclaré. "La faim règne à Gaza. De plus en plus de gens n'ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours (...) la plupart des gens dorment à même le béton."

Les Émirats arabes unis ont organisé le voyage à Rafah, où une aide humanitaire limitée et des livraisons de carburant ont pénétré dans la bande de Gaza, alors que les 15 membres du Conseil négocient une résolution rédigée par les Émirats arabes unis qui exige que les parties belligérantes "autorisent l'utilisation de toutes les voies terrestres, maritimes et aériennes vers et dans la bande de Gaza" pour l'acheminement de l'aide.

Cette résolution prévoit également la mise en place d'un mécanisme de contrôle de l'aide sous l'égide des Nations unies. La date à laquelle le projet de résolution pourrait être soumis au vote n'a pas été précisée dans l'immédiat.

La représentante des Émirats arabes unis à l'Onu, Lana Nusseibeh, a déclaré que le but de la visite était "d'apprendre de première main ce qui est nécessaire en termes d'intensification des opérations humanitaires pour répondre aux besoins du peuple palestinien à Gaza". Elle a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une visite officielle du Conseil de sécurité.

Les États-Unis n'ont pas envoyé de représentant à ce voyage. La semaine dernière, ils ont posé leur véto à une proposition du Conseil de sécurité de l'Onu visant à exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

La France et le Gabon n'ont pas non plus envoyé de représentants à Rafah. La mission française de l'Onu n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

L'Assemblée générale des Nations unies se réunira mardi sur Gaza à la demande des États arabes et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Les 193 membres de l'Assemblée devraient voter sur un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat, selon des diplomates.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu a indiqué que 100 camions transportant des fournitures humanitaires étaient entrés à Gaza depuis l'Égypte dimanche, soit la même proportion que la veille.

Il a noté que ce chiffre était "bien inférieur" à la moyenne quotidienne de 500 camions, carburant compris, qui entraient chaque jour, hors week-end, avant le 7 octobre, date de l'attaque du Hamas. (Reportage Alexander Cornwell ; avec la contribution de Michelle Nichols ; version française Augustin Turpin et Gaëlle Sheehan, édité par Kate Entringer)