* L'armée malienne fouille les villes du Nord libérées

* Des groupes rebelles toujours près de Gao et Tombouctou

* Des drones US seront déployés au Niger

par Richard Valdmanis et Adama Diarra

DOUENTZA/GAO, Mali, 29 janvier (Reuters) - Des soldats maliens, appuyés par des militaires français, ont découvert des caches d'armes et d'explosifs mardi dans des maisons de Gao et de Tombouctou, villes du Nord-Mali reprises durant le week-end, pratiquement sans combat, aux djihadistes.

Les deux villes, situées dans la boucle du fleuve Niger, ont été abandonnées par les combattants islamistes après dix-huit jours de raids aériens et de progression à terre des forces franco-maliennes. Les djihadistes se sont repliés sur les montagnes difficilement accessibles du nord-est du pays ou bien se sont fondus dans la population.

A Gao, les soldats maliens qui fouillaient les maisons ont arrêté cinq suspects qui ont été remis aux autorités locales. Ils ont découvert des caches d'armes et de munitions, ainsi que de la fausse monnaie.

A Tombouctou, la mythique "cité aux 333 saints" inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, des habitants ont fait état de pillages visant des commerces appartenant à des Arabes et à des Touareg soupçonnés d'avoir aidé les islamistes qui occupaient la région depuis le printemps dernier.

Avant de se retirer, des djihadistes ont incendié l'Institut Ahmed Baba, qui abrite des milliers de manuscrits précieux, datant pour certains du XIIe siècle. (Voir )

Selon des sources militaires maliennes, des groupes de combattants islamistes, à pied pour ne pas attirer l'attention de l'armée de l'air française, se cachent autour de Gao et de Tombouctou, non loin des axes routiers qui conduisent à ces deux villes.

CONFÉRENCE DE PAYS DONATEURS À ADDIS-ABEBA

La France, ancienne puissance coloniale qui est intervenue militairement le 11 janvier pour stopper l'avance des djihadistes vers Bamako, la capitale malienne, entend passer dès que possible la relève à la force ouest-africaine mise en place avec l'accord de l'Onu, la Misma (Mission internationale de soutien au Mali).

"Nous resterons sur place tant que ce sera nécessaire. Nous voulons nous assurer que la relève se passera bien entre la France et la Misma. Il n'est pas question de nous enliser", a dit le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, lors d'une conférence de pays donateurs à Addis-Abeba.

Lors de cette réunion dans la capitale éthiopienne, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a annoncé que son gouvernement espérait organiser le 31 juillet des élections "crédibles".

"Je souhaiterais réitérer ici notre engagement à conduire la transition au Mali avec un ordre du jour, un programme, qui est de récupérer le Nord et aussi notamment de revenir à une situation de normalité au Mali", a-t-il dit.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a précisé lors de cette conférence que les effectifs de la force africaine au Mali dépasseraient les 8.000 hommes, pour un coût de près d'un milliard de dollars. Près de 2.000 soldats africains sont déjà sur place.

Les Etats-Unis et plusieurs gouvernements européens soutiennent l'opération "Serval" menée par les Français au Mali et apportent une aide logistique, mais ils excluent d'envoyer sur place des troupes de combat.

LES TCHADIENS DEVRAIENT ÊTRE DÉPLOYÉS À KIDAL

Le Royaume-Uni a annoncé mardi un renforcement de son appui logistique aux forces françaises ainsi que l'envoi de 40 soldats dans le cadre d'une mission européenne de formation des troupes gouvernementales maliennes.

Quelque 200 soldats vont en outre participer à des missions semblables dans des pays anglophones d'Afrique de l'Ouest a dit le porte-parole du Premier ministre, David Cameron. ( )

Le Niger a accepté que les Etats-Unis déploient sur son territoire des drones destinés à surveiller les groupes islamistes dans le nord du Mali, et plus largement au Sahara, a-t-on appris de source proche du gouvernement nigérien. ( )

Le commandant des soldats tchadiens au Mali, Abdou Aziz Hassan Adam, a déclaré à Reuters à Gao que ses forces étaient prêtes à "chasser du nord du pays les terroristes qui représentent une menace pour tous les pays du monde."

Lundi, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont annoncé avoir pris le contrôle de la troisième grande ville du désert malien, Kidal, au nord-est de Gao, après le départ des islamistes. Ils se sont dits prêts à se retourner contre leurs anciens alliés qu'ils présentent désormais comme des "terroristes". ( )

Ce sont des soldats tchadiens, rompus aux combats dans le désert, qui devraient être déployés à Kidal. (Avec Aaron Maasho à Addis-Abeba, Laurent Prieur à Nouakchott, Mohammed Abbas à Londres, Abdoulaye Massalatchi à Niamey, Lucia Mutikani et Anna Yukhananov à Washington, Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser)