(Actualisé avec précision sur l'offre de Blackstone, déclaration de Michael Dell, cours de Bourse)

par Jessica Toonkel et Paritosh Bansal

25 mars (Reuters) - Dell a confirmé lundi avoir reçu des propositions d'achat de Blackstone Group et du milliardaire Carl Icahn en soulignant que ces deux offres "pouvaient déboucher sur des propositions supérieures" au projet de son fondateur Michael Dell.

Ce dernier, associé au fonds Silver Lake et à d'autres partenaires, propose de racheter le troisième fabricant mondial de PC pour 24,4 milliards de dollars (18,7 milliards d'euros), soit 13,65 dollars par action, en vue d'un retrait de la Bourse. (voir et )

Michael Dell est prêt à examiner la possibilité de travailler avec d'autres parties prenantes sur des offres alternatives, a fait savoir l'entreprise lundi.

Selon deux sources proches de Michael Dell, ce dernier craindrait que l'offre présentée par Blackstone se traduise par un démantèlement du groupe.

Toutefois, le groupe a précisé que le comité spécial en charge de la cession continuait de privilégier l'offre en cours de Michael Dell et Silver Lake Partners.

Carl Icahn, qui a pris une participation minoritaire dans Dell ces dernières semaines, propose 15 dollars par action pour 58% du groupe tandis que Blackstone offre plus de 14,25 dollars par action. Icahn Enterprises a déclaré lundi que le comité spécial avait accueilli "positivement" son offre.

Le titre Dell, a terminé lundi sur un cours de 14,14, en hausse de 2,61%.

Depuis le début de l'année, l'action est en hausse de près de 40%, l'essentiel de ces gains ayant été accumulés en janvier, dans l'anticipation de l'annonce de Michael Dell et de Silver Lake, intervenue le 9 février.

Les projets de rachat aussi bien de Carl Icahn que de Blackstone sont fondés sur le fait qu'une partie du capital restera cotée en Bourse, ce qui complique la comparaison, en termes de valorisation, avec celui du tandem Dell-Silver Lake.

Deux sources ont dit que Silver Lake et Michael Dell n'avaient pas l'intention de modifier leur offre tant que le comité spécial ne se serait pas prononcé sur les projets concurrents.

RISQUE DE BATAILLE PROLONGÉE

Le projet de retrait de Dell de la cote a toutefois suscité les critiques de plusieurs actionnaires importants, comme Southeastern Asset Management et T. Rowe Price, qui estiment l'offre sous-évaluée et ont déclaré vouloir s'y opposer.

Le projet doit être approuvé par une majorité d'actionnaires en dehors du fondateur Michael Dell.

Il est peu probable que Silver Lake relève son offre en raison des nombreux défis auxquels est confrontée l'industrie du PC, a estimé Brian Marshall, analyste chez ISI Group, dans une note de recherche publiée dimanche.

La perspective d'une bataille s'étalant sur plusieurs mois entre les protagonistes pour le contrôle de Dell risque de fragiliser un peu plus l'entreprise, déjà en perte de vitesse.

Au début des années 2000, Dell était considéré comme un modèle d'innovation, ayant été l'un des pionniers à se lancer dans la vente en ligne de PC. Le groupe s'est également tourné très tôt vers des fournisseurs asiatiques pour comprimer au maximum ses coûts de fabrication.

Mais, sur le quatrième trimestre 2012, la part de marché mondiale de Dell est revenu à un peu plus de 10% - contre 12,5% un an plus tôt - en raison notamment d'une chute de 20% des livraisons, selon des données du cabinet IDC.

Dell a par ailleurs revu sensiblement à la baisse ses perspectives de résultat opérationnel sur l'exercice 2013, à trois milliards de dollars contre 3,7 milliards précédemment, a indiqué une source proche du dossier.

Plus de détails seront disponibles dans un document que Dell fera enregistrer auprès des autorités de régulation à la fin de la semaine, selon cette source.

Michael Dell a repris les rênes de l'entreprise en 2007, après une brève interruption, mais n'a pas encore été en mesure de la remettre sur la voie de la croissance.

L'accent mis ces dernières années par le groupe sur l'informatique d'entreprise n'a pas encore porté ses fruits, notent des observateurs.

Dell doit, dans ce segment, rivaliser avec des noms biens installés tels que Hewlett-Packard et IBM.

Et, tout comme les autres fabricants de PC, il pâtit de la montée en puissance des smartphones et, surtout, des tablettes, appareils qui peuvent conduire certains consommateurs à renoncer à des ordinateurs plus classiques. (Benoît Van Overstraeten et Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)