Madrid (awp/afp) - La Banque d'Espagne a estimé mardi que le pays n'arrivera pas à réduire son déficit public en dessous des 3% du PIB avant 2018 comme l'exigent les règles européennes, soit un an plus tard que prévu par le gouvernement.

Pour l'année 2016, la banque centrale estime que l'Espagne aura un déficit public de 4,1%, puis de 3,4% en 2017 et enfin de 2,9% en 2018, selon un document de prévisions diffusé sur son site.

Le chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, s'était pourtant engagé auprès de la Commission européenne à passer sous la barre des 3% dès 2017, selon une lettre publiée par le quotidien El Pais.

Le dérapage du déficit de l'Espagne fait l'objet d'une polémique en Europe et aussi en Espagne, à quelques semaines des élections législatives du 26 juin.

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, risque en effet une sanction de la Commission européenne pour n'avoir pas tenu ses engagements en la matière: ainsi, en 2015, le déficit a dérapé à 5%.

Le pacte de stabilité, renforcé suite à la crise de la dette, impose aux pays européens des plafonds de dette et de déficit public sous peine de sanctions.

En 2016, selon le gouvernement de M. Rajoy, le déficit sera ramené à 3,6%. Mais la banque centrale est moins optimiste, de même que pour l'année 2017.

"La différence par rapport aux prévisions officielles s'explique par le fait que ces projections tiennent compte d'une hausse plus modérée des revenus publics et du PIB nominal", tandis que la hausse des dépenses reste telle que prévue, explique la banque centrale espagnole.

Selon la Banque d'Espagne, le PIB devrait croître de 2,7% en 2016. La croissance devrait ensuite se poursuivre à un rythme plus modéré de 2,3% en 2017, légèrement moins que prévu par le gouvernement (2,4%). En 2018, le PIB croîtrait de 2,1%. Cette prévision est aussi moins optimiste que celle du gouvernement, qui prévoit une croissance de 2,5% en 2018.

La banque estime en effet que certains facteurs conjoncturels, comme la baisse du prix du pétrole ou la dépréciation de l'euro, devraient avoir moins de poids même s'ils seront en partie compensés par la bonne performance des exportations.

Concernant le déficit de l'Espagne, Bruxelles a repoussé sa décision sur une éventuelle sanction de plusieurs mois, afin de ne pas interférer dans la campagne pour les législatives.

Mais en Espagne le débat fait rage, la gauche prédisant de nouvelles coupes claires pour satisfaire les exigences européennes en cas de maintien de la droite au pouvoir.

Les conservateurs promettent en outre de nouvelles baisses d'impôts pour l'ensemble des tranches de revenu, assurant que le manque à gagner sera compensé par la croissance, "un mensonge" selon leurs adversaires socialistes.

afp/rp