Paris (awp/afp) - Les défaillances d'entreprises ont augmenté de 14,2% en France au deuxième trimestre par rapport à l'année dernière, où l'activité des tribunaux de commerce avait plongé, mais les jugements restent largement inférieurs à 2019 en raison d'une prolongation des aides, selon une étude du cabinet Altares publiée mercredi.

Avec 6.587 procédures collectives ouvertes (sauvegardes, redressements, liquidations), "le volume des jugements reste deux fois inférieur au niveau d'avant Covid", selon Altarès dont l'étude prend en compte l'ensemble des procédures engagées.

Dans le détail, les mois d'avril et mai ont connu de très fortes hausses de 54% et 35%, tandis que le mois de juin est en baisse (-17%).

En revanche, des "signaux de fragilisation émergent" pour les très petites entreprises (près de 90% des défaillances), le secteur du bâtiment (plus d'un quart des jugements) et les régions Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le taux de liquidations directes reste également très élevé (75%), notamment pour les très petites entreprises, nombreuses dans le secteur de la construction, et qui ne sont souvent pas en mesure de donner suffisamment tôt des signaux de dégradation.

La situation est bien différente pour les plus grandes sociétés: une seule défaillance d'entreprise de plus de 1.000 salariés est enregistrée (le groupe hôtelier Appart'City), faisant passer le nombre global d'emplois menacé sous le seuil des 20.000 (contre 43.400 il y a un an).

En revanche, la hausse du prix des matières premières est "une inquiétude nouvelle"; et si elle devait se poursuivre au-delà de l'été, elle risquerait de "contrarier sérieusement la reprise voire compromettre la pérennité des PME et ETI fragiles".

Malgré la diminution progressive des aides et en faisant l'hypothèse que l'épidémie ne conduise pas à de nouvelles restrictions, les procédures collectives ne devraient pas revenir cette année à leur niveau de 2019.

"Le troisième trimestre, allégé par les vacations d'été dans les tribunaux, mais aussi aidé par une conjoncture favorable, ne devrait pas porter le cumul à neuf mois très au-delà des 20.000 défauts", a déclaré le directeur des études d'Altarès Thierry Millon.

"Si le +mur des faillites+ craint par certains professionnels du secteur est écarté, la situation va naturellement s'accélérer en 2022", a-t-il ajouté dans un entretien à l'AFP, avec un effet de rattrapage progressif des procédures non ouvertes pendant la crise, et probablement "plus de liquidations que nous en aurions eues dans une période normale".

afp/rp