ROME, 24 janvier (Reuters) - La Cour constitutionnelle italienne se penchera mercredi sur la réforme de la loi électorale, a annoncé un porte-parole de la plus haute juridiction nationale. Sa décision, attendue vers 12h30 (11h30 GMT), aura une influence sur le calendrier des prochaines élections législatives.

Une décision sans ambiguïté pourrait ouvrir la voie à un scrutin anticipé dès le mois de juin. A l'inverse, un avis plus nuancé et davantage ouvert à interprétation aurait sans doute pour effet de maintenir le Parlement en place jusqu'à la fin de la législature, début 2018.

Baptisée "Italicum", la réforme contestée, que l'ancien président du Conseil Matteo Renzi a fait adopter en 2015, ne concerne que le mode de désignation des membres de la Chambre des députés.

La loi prévoit le passage à un scrutin à deux tours avec prime majoritaire pour le parti arrivé en tête et donne aux états-majors des partis de larges pouvoirs pour choisir les têtes de liste.

Selon Renzi, l'Italicum remédierait à l'instabilité chronique qui caractérise la vie politique italienne (le pays a connu 64 gouvernements différents depuis 1945).

Ses détracteurs estiment eux que la réforme concentrerait trop de pouvoir entre les mains du parti vainqueur et empêcherait les électeurs de choisir directement leurs représentants.

"Si la Cour décide de changer la loi électorale en retirant le second tour et en maintenant pour l'essentiel le système proportionnel en place, alors la probabilité d'une élection dès cette année sera très élevée", estime Anna Ascani, une députée proche de Renzi.

"Mais dans l'éventualité où la Cour s'en tiendrait à des suggestions pour changer la loi actuelle, il n'y aura pas de consensus au parlement sur le type de loi électorale à élaborer", ajoute-t-elle. Dans ce cas-là, le scénario d'une élection anticipée en 2017 serait très improbable.

Renzi a démissionné le mois dernier après avoir été sévèrement désavoué lors du référendum sur une révision de la Constitution mais il demeure le chef du Parti démocrate (PD, au pouvoir) et plaide pour des élections anticipées qui pourraient lui permettre de revenir au palais Chigi, siège de la présidence du Conseil.

Son échec au référendum complique cependant fortement les choses.

Le projet constitutionnel visait surtout à retirer au Sénat son statut d'assemblée élue au scrutin direct. De ce fait, convaincu qu'il était de faire valider sa révision constitutionnelle dans les urnes, Renzi n'avait que la Chambre des députés en tête lorsqu'il a élaboré sa réforme électorale.

Le "non" des Italiens au référendum du 4 décembre signifie que des lois différentes s'appliquent désormais aux élections dans les deux chambres du Parlement.

Quelle que soit la décision de la Cour constitutionnelle, un travail d'harmonisation attend les parlementaires. (Crispian Balmer; Henri-Pierre André pour le service français)