L'indicateur résumant l'opinion des ménages sur la situation économique a reculé de trois points à -36, repartant à la baisse après trois mois de hausse et s'éloignant de nouveau de sa moyenne de long terme de -19.

Tombé à -46 en octobre 2008, en pleine crise financière, il était remonté à -30 en janvier de l'an dernier. Sept économistes interrogés par Reuters anticipaient pour décembre un chiffre en hausse à -31.

La baisse inattendue annoncée par l'Insee s'explique entre autres par une détérioration de l'opinion des ménages sur leur situation financière personnelle passée et future, les composantes correspondantes de l'indicateur perdant respectivement trois et cinq points.

Le solde d'opinion sur le niveau de vie passé abandonne parallèlement cinq points tandis que celui sur les perspectives d'évolution du niveau de vie recule de quatre points.

Même si cette évolution peut s'expliquer en partie par des éléments ponctuels, comme les mouvements sociaux d'octobre-novembre et les intempéries du début décembre, elle traduit "une véritable crise de confiance", estime Alexander Law, chef économiste de Xerfi.

"Le plus inquiétant, c'est que les Français s'inquiètent non seulement de l'état général de la France, mais aussi de leur situation personnelle", ajoute-t-il.

L'INFLATION INQUIÈTE LES FRANÇAIS

Selon un sondage BVA-Gallup international réalisé pour Le Parisien, les Français sont champions du monde du pessimisme quant à leur situation économique en 2011, éclipsant même les habitants de pays en guerre comme l'Irak ou l'Afghanistan.

Ils sont 61% à déclarer que la nouvelle année sera synonyme de difficultés économiques, contre 28% en moyenne dans le monde, 22% en Allemagne, 41% en Italie, 48% en Espagne et 52% au Royaume-Uni. Le pessimisme des Français a augmenté de dix points par rapport à l'an dernier, note BVA.

L'actualité des dernières semaines nourrit ce phénomène : absence de coup de pouce au SMIC en 2011, débat sur le durcissement de la fiscalité du patrimoine et série de hausses de prix, notamment ceux de l'essence à la pompe et ceux des contrats d'assurance.

C'est dans ce climat peu porteur pour la consommation que sont entrées en vigueur le 1er janvier plusieurs mesures fiscales qui se traduiront par une hausse de certaines dépenses des ménages, comme l'augmentation de la TVA sur les forfaits de télécommunications incluant la télévision ou la suppression des exonérations de charges pour l'emploi d'un salarié à domicile.

Le solde des réponses des ménages sur l'inflation augmente ainsi de six points en décembre et leurs anticipations en matière de hausse des prix sont elles aussi en hausse, de deux points.

PRIME À LA CASSE SUPPRIMÉE

Pour Gilles Moëc, économiste de Deutsche Bank, la baisse du moral des ménages en décembre, est "un peu contradictoire avec tous les autres indicateurs français qui traduisent une économie plutôt résiliente".

"C'est sans doute cohérent avec la tendance que l'on observe actuellement en France selon laquelle la consommation des ménages devrait être le point faible de l'économie en 2011, à cause de l'impact de la hausse des prix à la consommation, d'un chômage toujours très élevé et désormais du début de l'austérité budgétaire."

L'opinion des Français sur leur capacité future à épargner reste stable tout comme leur jugement sur l'évolution du chômage, dont l'amélioration s'est interrompue à l'automne.

Logiquement, leur opinion sur l'opportunité de faire des achats importants a légèrement baissé le mois dernier. Ce type d'achats pourrait souffrir au cours des mois à venir de la perte du soutien de la prime à la casse automobile, définitivement supprimée le 31 décembre.

"Il est illusoire d'escompter le retour à une croissance forte sans dépenses des ménages dynamiques. Or la consommation représente 60% du PIB de la France", souligne Alexander Law.

L'enquête de l'Insee a été réalisée auprès d'environ 2.000 ménages du 29 novembre au 16 décembre.

Marc Angrand, avec Vicky Buffery, édité par Yves Clarisse