ROME, 8 août (Reuters) - Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a estimé mercredi qu'il n'était pas indispensable que des élections aient lieu dès cette année en Libye, alors même que la France milite pour la tenue d'un scrutin en décembre afin de stabiliser et d'unifier ce pays.

Rome et Paris rivalisent pour exercer leur influence en Libye, pays divisé depuis 2014 entre un centre de pouvoir autour de Tripoli et un autre en Cyrénaïque, dans l'Est.

L'Italie entretient d'étroites relations avec les autorités de Tripoli, et elle est le seul pays occidental à avoir rouvert son ambassade dans la capitale libyenne, où siège un gouvernement de transition formé sous la médiation des Nations unies. La France passe pour être plus proche de Khalifa Haftar, chef militaire rangé aux côtés d'un gouvernement rival, basé dans l'est de la Libye.

"L'intérêt essentiel de l'Italie est de stabiliser la Libye et de faire en sorte que les élections puissent s'y tenir avec les garanties nécessaires. Nous ne sommes pas pressés et n'insistons pas pour que le scrutin ait lieu demain, ou en novembre ou décembre", a déclaré mercredi Giuseppe Conte à la presse à Rome.

Une porte-parole du gouvernement français a dit cependant que Paris souhaitait s'en tenir à la feuille de route qui a fait l'objet d'un accord en mai et qui prévoit la tenue d'élections d'ici la fin de l'année, comme le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, l'a dit la semaine dernière.

Le président Emmanuel Macron a organisé une conférence en mai, lors de laquelle les factions libyennes rivales sont convenues d'oeuvrer de façon constructive avec les Nations unies en vue d'organiser des élections nationales le 10 décembre.

Après s'être rendu à Washington en juillet, Conte a dit qu'il organiserait de son côté une autre conférence, avec l'aval de Donald Trump. Conte a déclaré aux journalistes mercredi à Rome que la conférence en question aurait lieu très vraisemblablement en novembre.

Prié de dire s'il avait reçu des échos du président Macron concernant la bénédiction donnée par Donald Trump à la politique libyenne de Rome, Giuseppe Conte a répondu que "son accord avec Trump ne s'exerçait pas au détriment de quelque pays européen que ce soit".

"Trump a reconnu un fait: la Libye a une importance stratégique pour l'Italie, pour des raisons historiques et géopolitiques. L'afflux de migrants venant des côtes libyennes a touché essentiellement l'Italie", a commenté le président du Conseil italien.

Plus de 640.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis 2014, à bord d'embarcations parties pour l'essentiel de Libye. (Giselda Vagnoni; Eric Faye pour le service français)