(Actualisé avec Etats-Unis, deux derniers paras)

par Aaron Maasho et Carl Odera

JUBA, 30 décembre (Reuters) - Les forces gouvernementales sud-soudanaises affrontaient lundi soir des miliciens de "l'Armée blanche" et d'autres rebelles partisans de l'ancien vice-président Riek Machar près de la ville de Bor, chef-lieu de l'Etat de Jonglei à 190 km au nord de la capitale Juba, ont dit les autorités.

"Des fusillades ont eu lieu juste à l'extérieur, au nord de Bor", a déclaré Philip Aguer, porte-parole de l'armée du Soudan du Sud. Il avait auparavant fait état de combats à l'intérieur même de la ville.

Le ministre de l'Information, Michael Makuei, a lui aussi déclaré que les forces gouvernementales affrontaient des rebelles à la lisière de la ville.

Le maire de Bor, Nhial Majak Nhial, a assuré qu'il n'y avait pas de combats dans le centre de sa ville, où il se trouvait alors qu'il parlait au téléphone à Reuters.

Des centaines de personnes ont fui Bor ces dernières heures de crainte d'une attaque des miliciens rebelles qui s'approchaient de la ville, dont ils ont été chassés le 24 décembre après plusieurs jours de combats.

"Nous nous attendons à une prochaine attaque de grande envergure. Les forces (gouvernementales) à Bor sont en état d'alerte maximale", a dit Philip Aguer.

L'"Armée blanche" est une milice composée de Nuer, l'ethnie à laquelle appartient Riek Machar, en lutte contre le président Salva Kiir.

L'"Armée blanche", ainsi appelée parce que les jeunes combattants Nuer se couvrent le corps de cendres blanches, a par le passé pris fait et cause pour Riek Machar.

Dimanche, cependant, un porte-parole du gouvernement de l'Etat sud-soudanais d'Unity, contrôlé par les forces fidèles à Machar, a démenti que l'ex-vice-président ait pris la tête de l'"Armée blanche", ce qui pourrait laisser craindre que les violences n'échappent au contrôle des chefs ethniques et politiques les plus influents.

Les militaires sud-soudanais évaluent à 25.000 les effectifs totaux de l'"Armée blanche".

CIVILS EN FUITE

Des miliciens Nuer ont massacré des Dinka, l'ethnie de Salva Kiir, lors d'affrontements ethniques en 1991.

De nombreux civils ont fui Bor dans la journée, franchissant en bateau le Nil blanc et se dirigeant vers une zone de marais, a dit à Reuters le ministre de l'Information.

Le maire de Bor avait appelé la population civile à fuir la ville. "Ils ont attaqué le village de Mathiang (à environ 30 km de Bor), tuant des civils et incendiant les maisons", a dit Nhial Majak Nhial à Reuters.

Un millier de personnes ont péri depuis que des affrontements ont éclaté dans Juba le 15 décembre et se sont rapidement étendus aux régions pétrolières du pays, laissant craindre une guerre civile entre Dinka et Nuer, les deux ethnies dominantes du Soudan du Sud.

Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, et le président ougandais, Yoweri Museveni, sont arrivés à Juba pour maintenir la pression sur les factions rivales sud-soudanaises afin qu'elles mettent fin aux combats.

Le président ougandais a prévenu que les pays d'Afrique de l'Est devraient intervenir et mettre en déroute Riek Machar si ce dernier rejetait l'offre de cessez-le-feu faite par le gouvernement de Juba.

"Nous avons donné à Riek Machar quatre jours pour faire connaître sa réponse, et s'il ne le fait pas, nous devrons aller le chercher", a dit Yoweri Museveni, en précisant qu'il s'agissait de le "battre".

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a des contacts réguliers avec les dirigeants de la région et il s'entretient quasi quotidiennement depuis le 20 décembre aussi bien avec Salva Kiir qu'avec Riek Machar pour les inciter à parvenir à un cessez-le-feu, a déclaré une porte-parole du département d'Etat, Marie Harf.

L'émissaire américain Donald Booth se trouvait à Juba lundi "pour tenter de travailler avec le président Kiir et l'ancien vice-président Machar dans le but de finaliser les détails d'un dialogue politique et faire en sorte que des négociations commencent dans les prochains jours", a-t-elle ajouté. (Eric Faye, Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français)