Les marchés mondiaux abordent la fin de l'année sur un pied d'égalité, la Réserve fédérale ayant annoncé qu'elle réduirait ses taux d'intérêt en 2024, ce qui a fait grimper les actions et l'or.

Dans le même temps, la Banque du Japon pourrait enfin laisser entrevoir la fin de sa politique monétaire ultra-libre. Pour les investisseurs, la route jusqu'en 2024 pourrait être semée d'embûches.

Lewis Krauskopf à New York, Kevin Buckland à Tokyo, Naomi Rovnick, Marc Jones et Amanda Cooper à Londres vous présentent la semaine à venir sur les marchés.

1/INVERSION DES RÔLES

Les spéculations vont bon train sur le fait que la Banque du Japon (BOJ) pourrait bientôt abandonner les taux d'intérêt négatifs, ce qui en ferait une nouvelle fois une exception mondiale, alors que la Fed et d'autres se concentrent sur le moment où elles réduiront leurs taux d'intérêt.

Un changement n'interviendra probablement pas dès la décision politique de mardi, mais la BOJ se réunit à nouveau en janvier, et la semaine prochaine pourrait être utilisée pour préparer le terrain à un resserrement.

Ce pivot attendu, ainsi que l'orientation dovish de la Fed, ont poussé le yen vers le côté plus fort de 141 pour un dollar pour la première fois depuis juillet.

Un scandale politique concernant des soupçons de pots-de-vin pourrait ironiquement donner un coup de pouce à la fin de l'assouplissement, alors que le Premier ministre Fumio Kishida débarrasse son cabinet des éléments favorables à la relance.

Un renversement de la faiblesse du yen, politiquement impopulaire, pourrait améliorer sa cote de popularité, mais la rapidité de la force du yen pourrait également être préjudiciable. Le Nikkei est resté à la traîne de la plupart des autres grands indices boursiers ce mois-ci.

2L'INFLATION FAIBLIT-ELLE ?

Les investisseurs espèrent qu'un indicateur clé de l'inflation américaine montrera un relâchement des pressions sur les prix à la consommation, après que la Fed a signalé que sa campagne de hausse des taux d'intérêt se terminait et que des réductions pourraient intervenir l'année prochaine.

La publication le 22 décembre de l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) de novembre, que la Fed suit, sera l'une des dernières données clés de cette année. Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que le resserrement historique de la politique monétaire est probablement terminé et que la discussion sur les réductions de taux est "en vue".

Des données sur la confiance des consommateurs sont également attendues, les investisseurs cherchant à évaluer dans quelle mesure les taux d'intérêt plus élevés peuvent peser sur les dépenses. La question de savoir si la Fed a été en mesure d'assurer un atterrissage en douceur de l'économie américaine est un thème clé du marché alors que le calendrier bascule en 2024.

3/ GOLD STAR

L'or se dirige vers sa première hausse annuelle depuis 2020, alimentée par un dollar plus faible et par l'idée que les taux d'intérêt et l'inflation iront dans un sens et rapidement en 2024.

L'or, qui ne porte pas d'intérêt, a tendance à mieux se comporter dans un environnement de baisse des taux réels, c'est-à-dire corrigés de l'inflation.

Les rendements réels des obligations américaines à 10 ans n'ont cessé d'augmenter depuis le début de 2022, mais ils ne sont devenus positifs qu'en juin, ce qui a fait reculer l'or d'un niveau presque record. Ils sont aujourd'hui à leur plus haut niveau depuis huit ans, mais cela n'a pas empêché l'or de dépasser les 2 000 dollars l'once. Pourtant, le prix de l'or est encore inférieur de quelque 20 % à son record historique corrigé de l'inflation, qui a dépassé les 2 500 dollars en 1980.

Les investisseurs tablent sur une série de baisses de taux l'année prochaine, tandis que les incertitudes politiques et économiques augmentent - ce qui pourrait annoncer une période faste pour les investisseurs dans l'or.

4/ L'INFLATION DANS LE PAYS

L'inflation au Royaume-Uni représente plus du double de l'objectif de 2% de la Banque d'Angleterre (BoE). Les dernières données du 20 décembre pourraient confirmer que les pressions sur les prix au Royaume-Uni restent élevées par rapport aux autres grandes économies.

La livre a atteint son plus haut niveau depuis trois mois par rapport à l'euro ce mois-ci, après que l'inflation dans la zone euro a fortement chuté, alimentant les spéculations sur le fait que la BoE prendra plus de temps que la Banque centrale européenne pour réduire ses taux.

Mais des taux élevés pourraient également faire basculer l'économie britannique, qui devrait stagner en 2024 selon la BoE, dans la récession, ce qui signifie que la force de la livre sterling n'est pas un pari à sens unique. Le sort de la livre sterling dépend de la question de savoir si la BoE continue à réagir aux tendances actuelles de l'inflation ou si elle adopte le point de vue à plus long terme selon lequel la faiblesse de l'économie freinera les salaires et les prix.

5/AU FOND DU NIL

La troisième victoire électorale consécutive du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi devrait être officiellement confirmée lundi. Avec peu d'opposition, l'ancien général a remporté cette élection, mais il doit faire face à une liste impressionnante de défis.

La guerre à Gaza fait rage à côté et l'Égypte est aux prises avec une crise économique alimentée par une inflation quasi record et des emprunts excessifs qui font que les paiements des intérêts de la dette absorbent à eux seuls près de la moitié des recettes de l'État.

Les économistes estiment que cette situation n'est pas tenable. Au moins 42,26 milliards de dollars sont dus en 2024, dont 4,89 milliards au Fonds monétaire international.

La première mesure prise après les élections devrait être une nouvelle dévaluation importante de la monnaie. La livre égyptienne a déjà été divisée par deux par rapport au dollar depuis mars 2022. Un dollar vaut aujourd'hui environ 49 livres égyptiennes sur le marché noir, contre un taux officiel de 31 livres. Les marchés des changes à terme sont du même avis.