MOSCOU, 13 avril (Reuters) - Cinq mille personnes, dont certaines brandissaient des drapeaux ukrainiens, se sont rassemblées dimanche dans le centre de Moscou pour défendre la liberté de la presse et protester contre les mesures prises selon elles par les autorités russes pour étouffer tout débat sur la crise ukrainienne.

Ces dernières semaines, les autorités russes ont acculé à la démission Galina Timtchenko, qui dirigeait de longue date le site internet d'information Lenta.ru, et elles ont suspendu les retransmissions d'une chaîne de télévision indépendante, Dojd, dont la couverture des manifestations antirusses à Kiev avait contrasté avec celle des autres chaînes.

En outre, le directeur la radio Echo de Moscou (Ekho Moskvi), station souvent critique envers le Kremlin, a été remplacé en février.

En mars, le pouvoir a bloqué l'accès aux blogs de deux grands opposants au Kremlin, Alexeï Navalny et Garry Kasparov, ainsi qu'à d'autres sites internet devenus des tribunes de l'opposition.

Le Kremlin rejette les accusations de censure ou de pressions sur les médias. A en croire les sondages, la majeure partie des Russes soutiennent la politique du Kremlin envers l'Ukraine, y compris le rattachement de la Crimée à la Russie.

"Je suis ici pour protester contre le rapide retour à 1937 (NDLR, le temps des purges staliniennes), contre la censure et contre les mensonges incessants de notre boîte à zombies (la télévision). Je tiens aussi à faire part de mon soutien aux héros de l'Ukraine", a déclaré une manifestante, Ekaterina Maldonko.

"Le principal problème de la Russie, actuellement, c'est le mensonge, problème qui mène à la guerre en Ukraine et à l'isolement de la Russie vis-à-vis du reste du monde", a estimé Igor Iakovenko, ancien président de l'Union des journalistes russes, qui a pris part à l'organisation de la manifestation. (Alexandre Rechetnikov; Eric Faye pour le service français)