* Le parti au pouvoir assure que les demandes de l'UE seront respectées

* Un accord pourrait être conclu dans les prochaines heures

* Les discussions avec la Russie n'ont pas abouti

* La BCE arrêtera de financer les banques lundi faute d'accord

par Michele Kambas

NICOSIE, 22 mars (Reuters) - Chypre est tout près de parvenir à un accord sur le moyen de lever les quelque six milliards d'euros réclamés par l'Union européenne pour mettre en oeuvre le plan de sauvetage de l'île et éviter un effondrement financier, prélude à une sortie de la zone euro, a assuré vendredi le parti au pouvoir à Nicosie.

Le numéro deux du Rassemblement démocrate, Averof Neophytou, a pris acte de l'échec des discussions entre Nicosie et la Russie, qui dispose d'importants capitaux dans les banques chypriotes mais a rejeté le déclocage d'une nouvelle aide de cinq milliards d'euros.

"Il y a un optimisme prudent sur le fait que nous puissions, au cours des prochaines heures, aboutir à une plateforme afin que le Parlement puisse approuver des mesures détaillées compatibles avec l'approche, le cadre et les objectifs convenus lors du dernier Eurogroupe", a-t-il assuré.

Averof Neophytou n'a rien dit sur les tractations en cours, mais le ministre des Finances, Michael Sarris, a déclaré que l'hypothèse d'une taxe sur les dépôts bancaires, rejetée mardi par le Parlement chypriote, restait d'actualité.

"Je crois que c'est clairement sur la table, c'est quelque chose qui doit être débattu pour voir si une taxe sur les dépôts, sous quelque forme que ce soit (...) pourrait contribuer à finaliser le plan", a-t-il dit à la presse à son retour de Moscou. "Nous sommes en train de discuter de différents chiffres et il fautdevons regarder quelles sont les sources possibles".

"NOTRE PART DE RESPONSABILITÉS"

"Nous devons tous prendre notre part de responsabilités", avait dit un peu plus tôt un porte-parole du gouvernement.

Une réponse, peut-être, au ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a jugé équitable que les détenteurs de comptes bancaires chypriotes participent au plan de sauvetage pour que celui-ci ne soit pas uniquement assumé par les contribuables européens. (voir )

L'Allemagne a prévenu les autorités chypriotes qu'elles "jouaient avec le feu", tout en assurant que la zone euro serait capable de faire face à la crise qu'entraînerait éventuellement l'abandon de la monnaie unique par Chypre.

La Banque centrale européenne (BCE) laisse de son côté planer la menace de cesser de fournir des lundi des liquidités d'urgence aux établissements bancaires de l'île.

A l'approche de cette date couperet, Chypre a entamé la consolidation de son secteur bancaire.

La banque grecque Piraeus Bank a ainsi été sélectionnée pour reprendre les succursales grecques des deux principaux groupes bancaires de Chypre, Bank of Cyprus et Cyprus Popular, a annoncé le fonds public grec de renflouement du secteur bancaire.

L'Union européenne a proposé à Chypre un plan de sauvetage de 10 milliards d'euros à condition que Nicosie trouve le moyen de fournir 5,8 milliards d'euros.

Après le rejet par le Parlement, les responsables européens ont reproché à Nicosie d'avoir insisté pour taxer tous les comptes bancaires, y compris ceux de moins de 100.000 euros qui bénéficient d'une garantie de l'Etat.

Les dirigeants chypriotes espéraient ainsi ménager les principaux déposants, dont de nombreux Russes, considérés comme vitaux pour l'économie du pays.

LE "NIET" RUSSE

Désavoués par leurs propres députés, ils se sont tournés vers la Russie dans l'espoir de combler le manque à gagner en renégociant un prêt de 2,5 milliards d'euros déjà accordé par Moscou, en obtenant un nouveau prêt ou en convaincant des investisseurs russes de miser sur les futurs revenus gaziers et pétroliers de l'île.

"Niet", a répondu en substance le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, en expliquant à l'issue de deux jours de négociations que les investisseurs du pays n'étaient guère intéressés par les réserves de gaz chypriotes, ni par son secteur financier. ( )

Devant ce constat d'échec, Bank of Cyprus a exhorté le gouvernement à adopter sans plus attendre la mesure proposée par la zone euro de taxer les dépôts bancaires de plus de 100.000 euros. "Comme il ne fait plus de doute qu'il n'y a pas d'autre solution, il ne faut plus tarder à adopter les propositions de l'Eurogroupe",dit-elle dans un communiqué, soulignant que tous les dépôts seraient perdus en cas d'effondrement du système.

"Enfin, nous voudrions souligner que tout retour à la livre chypriote entraînerait une perte significative de valeurs d'actifs et conduirait à un cercle vicieux de dévaluation et d'hyperinflation."

L'annonce de cette taxe exceptionnelle a fait craindre une crise de confiance des épargnants dans d'autres pays européens, Espagne et Italie en tête, mais Bruxelles s'est dit convaincu de pouvoir contrôler la contagion, et en a voulu pour preuve les réactions jusqu'à présent limitées sur les marchés financiers. (Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser)