Pékin (awp/afp) - Les prix à la consommation en Chine, jauge de l'inflation dans le pays, ont ralenti en janvier, tandis que les prix à la production, baromètre de l'activité industrielle, s'essoufflaient de nouveau, avec leur plus faible hausse depuis plus d'un an sur fond d'une conjoncture assombrie.

L'indice des prix à la consommation (CPI) a gonflé de 1,5% sur un an en janvier, un ralentissement marqué par rapport à décembre (+1,8%), mais conforme aux attentes des analystes sondés par l'agence Bloomberg, selon des chiffres publiés vendredi par le Bureau national des statistiques (BNS).

Un nouveau repli des prix alimentaires (viande et légumes notamment) a notamment contribué à tirer l'indice vers le bas, tout comme une base de comparaison défavorable, dû au décalage calendaire du Nouvel an lunaire. L'an dernier, celui-ci était tombé bien plus tôt et le pic de consommation qui le précède avait gonflé les prix en janvier.

Pour autant, le tableau continue de s'assombrir du côté des prix sortie d'usine, reflet de l'activité comme des cours des matières premières.

L'indice mesurant les prix à la production (PPI) a enregistré de nouveau un vif essoufflement le mois dernier, grimpant de 4,3% sur un an, sa plus faible performance depuis quatorze mois, contre +4,9% en décembre et +5,8% en novembre, selon le BNS.

Ce chiffre, identique aux attentes des experts, marque le troisième mois de ralentissement consécutif, à l'unisson d'un assombrissement de la conjoncture dans la deuxième économie mondiale.

"La tendance générale est que les pressions inflationnistes sont en train de se refroidir à la faveur d'un affaiblissement de l'activité économique", commente Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

La production industrielle chinoise reste notamment pénalisée par une vaste campagne antipollution engagée par Pékin, qui a fermé ou réduit l'activité de nombreuses usines et ateliers du nord du pays pour endiguer les émissions nocives durant l'hiver.

Certes, l'inflation pourrait s'accélérer de nouveau en février, grâce au pic traditionnel des prix alimentaires avant les congés du Nouvel an lunaire, quand les familles intensifient leurs achats, gonflant les prix à la consommation.

"Mais ce sursaut devrait s'avérer temporaire et il est peu probable qu'il entraîne un quelconque resserrement de politique monétaire", prévient M. Evans-Pritchard.

Au contraire, le ralentissement de l'inflation sur les services et produits non-alimentaires, tout comme l'essoufflement brutal des prix à la production, "ouvrent la voie à de nouveaux assouplissements monétaires cette année", estime l'analyste.

Avec une inflation cantonnée très en-deçà du niveau-cible d'environ 3% que s'était fixé Pékin l'an dernier, la banque centrale chinoise disposerait en effet d'une marge de manoeuvre accrue pour renforcer son soutien à une activité économique à la peine.

afp/fr