CHICAGO (awp/afp) - Les cours du maïs, du soja et, dans une moindre mesure, du blé ont monté cette semaine à Chicago à l'issue d'une semaine dominée par les spéculations sur les intentions du gouvernement américain de Donald Trump.

"Pour les marchés du maïs et du soja, le développement majeur de la semaine, c'étaient des rumeurs selon lesquelles le gouvernement Trump est ouvert à l'idée de changer la régulation sur les carburants renouvelables", a mis en avant Bill Nelson, de Doane Advisory Services.

Notamment relayés par l'agence Bloomberg, ces bruits font état de discussions entre le gouvernement et la principale fédération du secteur, la Renewable Fuel Association (RFA), celles-ci concernant notamment un allègement des règles sur l'emploi de certains carburants à base d'éthanol.

"Un tel accord mettrait plusieurs mois à se concrétiser, mais à long terme, cela augmenterait les quantités potentielles de maïs employées dans la production d'éthanol", a expliqué M. Nelson. "Et il y aurait aussi des changements qui profiteraient à l'utilisation d'huile de soja pour fabriquer des biocarburants."

Certes, la Maison blanche s'est vite empressée de démentir qu'un tel accord avait été conclu entre la RFA et le responsable des questions de régulation au sein du gouvernement Trump, l'investisseur milliardaire Carl Icahn.

"Mais le marché ne semble pas avoir complètement abandonné la perspective d'une réforme de la politique américaine sur les biocarburants: comme on dit, +il n'y a pas de fumée sans feu+", ont écrit les experts de Commerzbank.

Quant au marché du blé, s'il n'est pas concerné par les questions sur les biocarburants, il semble avoir lui-aussi profité de M. Trump, puisque le président a fait flamber l'ensemble des marchés en milieu de semaine après un discours très bien accueilli devant le Congrès.

Après des premiers temps agités à la Maison blanche, le chef d'Etat a tenu des propos au ton jugé largement plus présidentiel qu'à son habitude, faisant dans la foulée franchir des records à Wall Street.

"Le discours ne comprenait pas beaucoup de nouveaux détails mais il a réveillé l'appétit pour le risque et encouragé l'achat de matières premières", généralement considérées comme des actifs à risque, a rapporté M. Nelson.

Ces considérations politiques ont en partie éclipsées les interrogations sur les perspectives météorologiques pour le maïs et le soja, en Amérique du Sud, comme pour le blé, aux Etats-Unis.

Dans ce dernier cas, tout de même, "les cultures sont en train de sortir précocement de leur dormance à la suite de températures élevées en février", ce qui soutient les cours dans l'idée qu'elles sont encore exposées au risque de gel tardif, a rapporté dans une note Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Autre facteur positif pour le marché de la céréale, de bons signes sont venus du côté de la demande avec un achat de plus de 500.000 tonnes de blé par l'Egypte, l'un des principaux consommateurs mondiaux.

"C'était le plus gros achat égyptien depuis plus de trois ans", ont souligné les experts de Commerzbank.

Les investisseurs attendant maintenant pour jeudi le rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (USDA) sur l'état de l'offre et de la demande, dit Wasde.

"En ce qui concerne la demande, on ne s'attend qu'à des ajustements mineurs", a relativisé M. Strickler. "Mais on va surveiller avec attention les estimations sur la production brésiliennes, puisque des acteurs privés ont récemment relevé les leurs."

Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat le plus actif, s'échangeait vendredi à 3,7900 dollars, contre 3,7075 dollars en fin de semaine précédente.

Le boisseau de blé pour mai, lui aussi le plus actif, valait 4,4950 dollars, contre 4,4800 dollars auparavant.

Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 10,3075 dollars, contre 10,2475 dollars précédemment.

jdu/ple