PARIS, 19 mars (Reuters) - Révélé au grand public par la campagne présidentielle, Bernard Cazeneuve accède au poste de ministre délégué au Budget après avoir été remarqué aux Affaires européennes autant pour son savoir-faire que pour sa loyauté envers François Hollande.

L'ancien député-maire de Cherbourg succède à Jérôme Cahuzac, qui a démissionné du gouvernement après l'ouverture d'une information judiciaire le visant.

"Mes prédécesseurs sont restés en moyenne cinq mois en place... Il me reste donc un mois", plaisantait Bernard Cazeneuve devant quelques journalistes en septembre dernier.

L'affable élu aura donc tenu jusqu'au printemps à la tête du ministère qui l'aura vu sillonner les capitales des Vingt-Sept et défendre une construction européenne en pleine tourmente en "pédago de l'Europe" autoproclamé.

Partisan du "non" au référendum sur la Constitution européenne en 2005, il s'est retrouvé à l'automne dernier en première ligne pour défendre le traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), un texte prônant davantage de discipline budgétaire au grand dam de la gauche du PS et des écologistes.

Homme d'appareil, fabiusien d'origine, Bernard Cazeneuve aura 50 ans le 2 juin. Cet adepte des bonnes manières et des bons mots voit ainsi récompensée sa fidélité au couple de l'exécutif, qu'il a défendu contre vents, marées, mauvais sondages et critiques de tous ordres.

"La survalorisation des ego se termine toujours au tout à l'ego", déclarait-il ainsi en début d'année pour dénoncer dans un sourire les débordements imputés aux membres les plus turbulents du gouvernement.

Sur France Info mardi soir, Christian Eckert, rapporteur de la Commission des finances de l'Assemblée a dit voir en Jérôme Cahuzac et son remplaçant au ministère du Budget "quelques points communs : élégance, précision, sens du travail et solidarité gouvernementale".

Bernard Cazeneuve est "presque né socialiste" puisque son père dirigeait la fédération du PS dans l'Oise, son département natal. François Hollande en avait fait l'un de ses quatre porte-parole durant la campagne.

Diplômé de l'IEP de Bordeaux, juriste à La Banque populaire, ce père de deux enfants avait travaillé dans plusieurs cabinets ministériels dans le gouvernement de Lionel Jospin, entre 1997 et 2002.

Fervent défenseur de l'énergie nucléaire, position qui a provoqué une rupture avec les écologistes dans son département, Bernard Cazeneuve a plaidé pour l'implantation d'un réacteur de troisième génération (EPR) dans le Cotentin.

Rapporteur de la mission parlementaire sur l'attentat de Karachi, qui tua 11 Français en 2002, Bernard Cazeneuve a publié en 2011 un livre "Karachi, l'enquête impossible" dans lequel il dénonce le poids du système du secret-défense. (Elizabeth Pineau, avec Sophie Louet, édité par Patrick Vignal)