Non, une hausse des taux, aux Etats-Unis notamment, n'est pas forcément préjudiciable pour les actifs émergents ! Carmignac s'est fait fort, à l'occasion d'une récente conférence de presse, de tordre le coup à cette idée reçue en estimant qu'elle vient surtout d'une mauvaise compréhension du sujet. Le principal argument avancé par Xavier Hovasse, gérant et responsable des actions émergentes chez Carmignac, est que les taux montent car la croissance nominale américaine augmente aussi.

Or, l'amélioration de la conjoncture aux Etats-Unis, et par ricochet au niveau mondial, est positive pour les émergents. Au passage, elle soutient aussi les cours du pétrole, auxquels les performances des émergents sont très souvent corrélées.

"Si les taux américains étaient les seuls à s'apprécier, ou que leur hausse était le fait d'une erreur de politique monétaire, la situation serait différente. Mais le fait que tout progresse en même temps est globalement positif", résume le gérant Actions émergentes de Carmignac. Avant de préciser que, sur les 12 dernières phases de hausse des taux, les actifs émergents ont surperformé dans 11 cas.

Xavier Hovasse revient également sur la situation des pays émergents eux-mêmes, qui s'est nettement améliorée ces dernières années. Ils sont notamment moins dépendants des capitaux extérieurs pour financer leurs budgets car beaucoup de pays de cet ensemble disposent désormais de balances courantes excédentaires. Le responsable des actions émergentes de Carmignac souligne les grosses améliorations survenues en Inde, au Brésil, en Afrique du Sud ou encore en Russie.

Dans ce panorama globalement favorable, Carmignac fait toutefois une différence entre les pays exportateurs de matières premières et ceux qui exportent des produits manufacturés. "Sur le marché obligataire, nous voyons des opportunités dans les pays exportateurs de matières premières, précise Joseph Mouawad, gérant Carmignac Portfolio Emerging Patrimoine. La tendance inflationniste y est plutôt orientée à la baisse, ce qui se traduit par des taux réels souvent compris entre 5 et 7%". Si le Brésil, l'Indonésie ou la Russie ont ainsi les faveurs de Carmignac, ce n'est pas le cas de certains pays du Golfe qui n'ont pas fait les ajustements nécessaires pour améliorer leurs comptes.

Du côté des actions, Xavier Hovasse, gérant et responsable des actions émergentes chez Carmignac, souligne les potentiels de croissance "uniques au monde" qu'offrent des entreprises émergentes. Il cite notamment le chinois Tencent, plus grosse position de la maison, mais aussi le e-commerçant latino-américain Mercado Libre.