Cette situation contraste avec celle des années 2000. Cardoso et son successeur Lula ont lancé une série de mesures qui ont brisé la spirale inflationniste, rééquilibré les comptes de l’Etat et provoqué une spectaculaire ouverture internationale. Le Brésil est devenu un géant industriel, une des plus importantes puissances agricoles et un acteur incontournable du commerce international. Ainsi, avec des taux de croissance supérieurs à 5% dans les années 2000, le Brésil a été l’un des plus grand succès économique du début du 21ème siècle.
Personne n’imaginait donc que la dynamique de croissance du Brésil puisse être brisée, jusqu’à la crise de 2008.  En effet, depuis 5 ans, le brésil est en crise. Après une baisse de son PIB en 2009 de 1,5% et des taux de croissance proches de 1% par la suite, il tombe à nouveau dans la récession cette année. Le FMI tablait sur une baisse de 1% en 2015 mais le gouvernement brésilien a ramené cette estimation à 1,2%.

Il y a 3 facteurs principaux qui viennent endommager la croissance brésilienne: son inflation chronique, sa dette importante, et sa sensibilité au cours des « commodities ».

L’inflation, problème structurel des pays émergents, n’épargne pas le Brésil. Alors que la banque centrale a pour objectif un taux d’inflation de 4,5%, ce dernier était de 8.17% en 2014. Cela oblige la banque centrale à opérer un resserrement de sa politique monétaire, et condamne donc par la même occasion la stimulation de l’économie par la voie monétaire. Début juin, la Banque Centrale brésilienne a relevé ses taux directeurs, pour la cinquième fois d’affilée,  à 13.75%.

La dette brésilienne atteint 65% du PIB en 2015. Ce niveau de dette est certes inférieur aux niveaux européens mais demeure inquiétant pour une économie émergente. Sachant que le Brésil emprunte à 4,58% à 10 ans, le service de la dette brésilienne occupe dorénavant une bonne partie des dépenses publiques de l’Etat. Standard & Poor’s attribue au Brésil une note de BBB-, soit une dette de qualité inférieure.

Le Brésil est fortement entravé par la baisse des cours mondiaux des matières premières. En effet, il produit 35% de la production mondiale de café et 33% de la production de sucre. Il est aussi le premier exportateur mondial de soja, de tabac et de poulet. Enfin, il est amené à jouer un rôle décisif sur le marché du pétrole dans les années à venir grâce à la découverte en 2008 d’une des plus grandes nappes pétrolières du monde près de ses côtes. Le Brésil, fortement dépendant de ses récoltes et ressources naturelles, est donc profondément soumis aux fluctuations internationales du cours des « commodities ». Or la baisse depuis 2011 des commodities (Cf graphique) vient violemment endommager l’économie brésilienne. L’appréciation du réal depuis 2011 (Cf graphique) pénalise aussi une économie très dépendante de ses exportations. Enfin, le ralentissement de la croissance mondiale et en particulier de ses deux principaux partenaires commerciaux (Chine et Allemagne) vient s’ajouter à la liste des facteurs handicapants le Brésil.

Evolution des cours de soja, sucre et café depuis 2 ans.




Evolution de la parité réal brésilien/dollar US depuis 15 ans



Le Brésil tente alors du mieux qu’il peut de mettre un terme à cette situation. Le gouvernement a récemment adopté des politiques de rigueur pour sortir de la crise : Joaquim Levy, nouveau ministre des finances, a annoncé une série de mesures d’austérité pour équilibrer les finances publiques. Il planifie des coupes budgétaires de 22.4 milliards de dollars et table sur un excédent primaire de 1.2% pour 2015 et de 2% en 2016.
La semaine dernière, Dilma Rousseff a annoncé un plan de 57 milliards d’euros pour des infrastructures au Brésil, financé par des capitaux privés et la Chine. Mais le gouvernement souffre d’un terrible manque de crédibilité depuis le scandale de Petrobras, on peut donc difficilement mesurer l’efficacité de ces mesures.

La marché financier brésilien peine, mais se porte mieux que son économie. L’indice Bovespa est l’indice phare de la bourse de Sao Paulo. Il est composé de 50 capitalisations boursières dont Petrobas. L’indice Brésilien connaît un trend baissier depuis 5 ans mais il garde une bonne tenue. On peut aussi remarquer le miracle économique brésilien avec une multiplication par 2,5 de la capitalisation boursière de l’indice entre 2005 et décembre 2008.


Evolution de l'indice Bovespa depuis 10 ans




L’équipe d’analyse Zonebourse a un avis favorable sur deux valeurs de l’indice Bovespa : ce sont Companhia Brasileira et Kroton Educacional.
Companhia Brasileira de Distribuicao dispose de la meilleure notation Surperformance. Après un trend baissier d’un an, l’action vient d’atteindre sa zone de support. On peut donc espérer un rebond technique très prochainement. Le consensus Reuters est unanime à l’achat, et l’entreprise dispose de solides fondamentaux.