Quand on parle d'été meurtrier en bourse, celui de 1990 a des arguments à faire valoir. A l’annonce de l’invasion du Koweït par l’Irak, l’indice parisien chuta de 14% tout au long du mois d'août. Nombreux sont les gérants qui ont dû écourter leurs vacances pour gérer leur exposition. Explosion du prix du pétrole, risque de guerre au Moyen-Orient, tous les ingrédients étaient réunis pour faire monter le stress à son zénith.
La flambée du prix de l’or noir fut d’une rare violence, le baril de Brent passa au cours de la saison estivale de 16 à 40 USD. Sur les lieux de villégiature, il suffisait de regarder les prix du litre d’essence dans les stations-services pour savoir si le pétrole flambait ou pas et si, par conséquent, la bourse subissait plus ou moins de stress. Chacun avait ses repères…
Etonnamment, il a fallu attendre l'opération "Tempête du Désert" et le premier tir balistique sur le terrain pour faire remonter la bourse. C'était en janvier 1991.
1998 : La crise financière russe
Sept ans après l’éclatement de l’URSS et l’indépendance des républiques soviétiques qui s’en est suivie, la Russie doit s’adapter à une économie plus libérale. Un changement qui se réalise dans la difficulté tant le blocage complet, dû au régime soviétique, a paralysé le pays. Au cours de cette période post-Gorbatchev, le PIB s'effondre de 50%. Une crise intervient en été 1998 avec une chute de 9% sur la journée du 10 août. Le rouble est attaqué sur le marché des devises, accumulant 60% de pertes en deux semaines. Le VIX, nouvellement créé, forme son premier pic à 40.
2007 : Les prémices de la crise financière mondiale
Les étés qui suivirent furent plus sereins, du moins jusqu’en 2007, lorsque le blocage de trois fonds de la BNP marqua le début de la crise financière, un fait souvent ignoré. La banque est en effet la première à avoir publiquement admis qu'elle ne pouvait plus valoriser des actifs. Les produits concernaient des investissements sur les "Subprimes", dont on connaît les dégâts causés par la suite sur les places financières. Le signal envoyé devenait très nuisible au marché financier. Sur juillet et août, la place parisienne se dévalorisa de plus de 14%.
Tel le calendrier d’une coupe du monde de football, les crises boursières estivales sont depuis réapparues tous les quatre ans.
2011 : Perte du AAA des Etats-Unis
Durant l'été 2011, l’auteur faisait tranquillement le circuit classique de l’Ouest américain, des vacances à l'époque très abordables car 1 euro s’échangeait contre 1,4 USD. Mais même quand on chasse le naturel dans les plaines américaines, il revient au galop. S'il n'avait pas regardé CNBC en arrivant à l'hôtel à Los Angeles, il n'aurait pas appris immédiatement que le triple A des Etats-Unis était recalé par Standard and Poor’s. Une première pour le pays, rattrapé par un excès d’endettement. Les Etats-Unis étaient gradés AAA depuis 1941. Les actions parisiennes perdirent jusqu’à 25% avant de finir le mois d’août à "seulement" -11,3%.
2015 : Crise chinoise
Apres Moscou et New York c’était au tour de Pékin de stresser les opérateurs de marchés présents sur leur "desk" en plein été.
Un matin du mois d’août, il est cinq heures, Paris s'éveille et apprend que Shanghai a plongé suite à l’éclatement de la bulle spéculative. Les achats par effet de levier ont du bon certes quand le marché monte mais génèrent des conséquences dramatiques en cas de baisse. Les gérants du monde entier vendent, considérant que le risque d’un ralentissement durable de la croissance chinoise devient possible.
Le résultat de l’hécatombe estivale en bourse se monte à -9% sur les actions parisiennes et sonne le début d’un bear market pour le marché chinois.
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Eté 2015 : éclatement de la bulle spéculative sur la bourse chinoise (Shanghai Index)