Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro se sont tendus jeudi sur le marché obligataire, signe de la grande prudence des investisseurs qui se sont davantage tournés vers les dettes de l'Allemagne et la France.

Après être légèrement remontés la veille, les rendements allemands et français se sont stabilisés, évoluant tout près de leur plus bas historique sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Ces dettes profitent d'un "regain d'incertitudes sur les marchés et du renforcement depuis le début du mois des rachats de titres par la Banque centrale européenne (BCE)", souligne Louis Harreau, économiste chez Crédit Agricole CIB.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux de la France a baissé à 0,437% contre 0,456% mercredi à la clôture.

Le pays a dans le même temps emprunté sur le marché à un taux historiquement bas de 0,43% pour des obligations à échéance 10 ans dans la matinée, signe de l'intérêt des investisseurs pour les actifs considérés comme les plus sûrs en zone euro.

De son côté, sur le marché secondaire, le taux de l'Allemagne a reculé à 0,089% (contre 0,119%).

En revanche, les dettes des pays du sud de la zone euro ont été malmenées.

Le taux de l'Espagne a nettement progressé à 1,604% (contre 1,514%) tout comme celui de l'Italie à 1,389% (contre 1,285%).

Le Portugal a vu son taux grimper à 3,419% (contre 3,184%) après une forte tension la veille liée à un emprunt de 1,5 milliard d'euros de titres de dette à sept et trente ans.

"Les dettes périphériques souffrent de la crainte selon laquelle la BCE pourrait arriver au bout de ses mesures", remarque M. Harreau.

Selon lui, "les marchés savent que les banques centrales continuent à agir mais doutent de leur capacité à soutenir éternellement l'économie".

Publiées en début d'après-midi, les minutes de la dernière réunion de la BCE ont d'ailleurs montré que quelques membres se sont inquiétés des conséquences sur les banques des taux négatifs, laissant penser qu'elle hésitera désormais à baisser encore ses taux directeurs.

Le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) n'a quant à lui pas surpris le marché en confirmant les divisions entre responsables sur la remontée des taux, compte tenu d'un contexte économique international délicat.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a terminé à 1,328% contre 1,381%.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à 10 ans évoluait à 1,699% contre 1,755%, celui à 30 ans à 2,519% contre 2,584%. Le taux à 2 ans était à 0,708% contre 0,732%.

afp/rp