GENEVE, 17 octobre (Reuters) - Les prix alimentaires ont flambé de 24% en moyenne dans les trois pays les plus touché par l'épidémie de fièvre Ebola, réduisant certaines familles à un seul repas par jour, a annoncé vendredi le Programme alimentaire mondial (Pam).

L'épidémie de fièvre hémorragique s'est déclarée en mars en Guinée et s'est propagée à d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, essentiellement le Liberia et la Sierra Leone, tuant au mois 4.546 personnes selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les taux d'infection dans les zones agricoles de Kenema et Kailahun en Sierra Leone, de Lofa et Bong County au Liberia et de Guéckédou en Guinée sont parmi les plus élevés de la région. Des centaines d'agriculteurs sont morts.

La mise en quarantaine de certains districts et la limitation des déplacements décidés dans ces trois Etats pour contenir la propagation du virus ont également perturbé les marchés, provoqué des pénuries et une ruée sur les produits alimentaires, accélérant encore la hausse des prix, ont expliqué le Pam et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

"Les prix ont augmenté de 24% en moyenne", a déclaré la porte-parole du Pam, Elisabeth Byrs. Selon une évaluation, les prix des denrées essentielles augmentent en Guinée, au Liberia, au Sierra Leone et au Sénégal voisin.

L'OMS a déclaré vendredi que le Sénégal était officiellement débarrassé de la fièvre Ebola mais restait vulnérable à l'apparition de nouveaux cas importés de pays de la région.

A Monrovia, capitale du Liberia, les prix du manioc et du riz importé, les denrées de base, ont grimpé de 30%.

"Les semis et les récoltes sont perturbés avec pour conséquences des approvisionnements alimentaires encore plus difficiles. Le risque est élevé que les prix continuent à augmenter pendant la saison de la récolte", a dit Elisabeth Byrs à Reuters.

Elle a ajouté que le Pam réalisait à distance auprès de 2.400 familles de ces trois pays une enquête sur la sécurité alimentaire pour évaluer les conséquences de l'épidémie.

La première phase de l'enquête réalisée auprès de 800 personnes dans les districts de Kailahun et Kenema, deux régions pourtant nourricières de l'est de la Sierra Leone, a montré que la situation des habitants étaient encore plus difficile.

"L'étude a montré que certaines familles en sont réduites à un seul repas par jour ou que les gens mangent de la nourriture moins chères, comme du manioc plutôt que du riz", a-t-elle dit.

Le Pam a déclaré avoir commencé vendredi à distribuer de nourriture à 265.000 personnes à Waterloo, près de la capitale sierra-léonaise Freetown, où les taux d'infection sont les plus élevés

"L'objectif de cette distribution est de donner assez à manger aux familles en quarantaine pour qu'elles ne quittent pas leurs maisons pour aller chercher de la nourriture", a expliqué le Pam dans un communiqué.

L'organisation doit également livrer 74 véhicules, dont des ambulances et des pick-up, financés par la Banque mondiale. Trente véhicules sont attendus samedi en Sierra Leone. (Stephanie Nebehay, Mathilde Gardin pour le service français, édité par Benoît van Overstraeten)