par Lucia Mutikani

Le département du Travail a annoncé vendredi 431.000 créations d'emplois non agricoles en mai; à elle seule, la fonction publique a recruté 411.000 personnes le mois dernier en vue du recensement décennal.

Cette hausse de la main d'oeuvre employée, la cinquième consécutive, est la plus importante depuis mars 2000. Mais le secteur privé n'affiche que 41.000 créations de postes en mai, sept fois moins qu'en avril.

Les statistiques montrent que les entreprises ont en fait opté pour l'augmentation du temps de travail, l'horaire hebdomadaire moyen étant passé à 34,2 heures contre 34,1 heures en avril.

Les révisions des statistiques d'avril et mars font ressortir 22.000 créations de postes de moins qu'annoncé initialement.

Les recrutements importants de mai ont fait reculer le taux de chômage à 9,7%, contre 9,9% en avril.

Les économistes et analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne 513.000 créations d'emplois non agricoles en mai et 190.000 pour le seul secteur privé, ainsi qu'un taux de chômage de 9,8%.

Wall Street a ouvert en net repli vendredi après la publication de ces statistiques, tandis que le dollar cédait un peu de terrain face au yen et que la baisse s'amplifiait sur les Bourses européennes.

LA REPRISE DU MARCHÉ DU TRAVAIL RALENTIT

"C'est globalement décevant", juge Vassili Serebriakov, spécialiste des devises de la banque Wells Fargo à New York. "Le chiffre des emplois dans le privé est nettement inférieur aux attentes."

"Je ne pense pas que ce chiffre signifie que la reprise du marché du travail subit un coup d'arrêt: ce qu'il suggère, c'est que le rythme de la reprise du marché du travail n'est pas aussi rapide que le laissaient entendre certaines prévisions optimistes sur le marché."

D'autres professionnels jugent que les estimations, révisées à la hausse ces derniers jours pour bon nombre d'entre elles, étaient exagérément optimistes.

"Les prévisions vont désormais être tempérées", estime Boris Schlossberg, directeur des études de GFT Forex.

Après avoir subi sa récession la plus grave depuis les années 1930, l'économie américaine affiche désormais trois trimestres de croissance consécutifs. Mais la persistance d'un chômage élevé nourrit le ressentiment contre la politique de l'administration Obama et pourrait coûter cher au Parti démocrate lors des élections de mi-mandat en novembre.

D'autant que le rebond des embauches pourrait inciter une partie des chômeurs de longue durée à revenir sur le marché du travail, ce qui aurait dans un premier temps pour effet de faire monter le taux de chômage.

Son mode de calcul aux Etats-Unis ne comptabilise en effet que les demandeurs d'emploi cherchant activement du travail.

Le secteur des services, qui représente la majeure partie des effectifs aux Etats-Unis, n'a créé que 37.000 postes le mois dernier contre 156.000 en avril. L'industrie manufacturière affiche 4.000 créations d'emplois seulement en mai, contre 62.000 un mois plus tôt. Dans la construction, les effectifs ont même diminué de 35.000.

Lucia Mutikani, Marc Angrand pour le service français, édité par Danielle Rouquié