WASHINGTON, 22 mai (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a exhorté mercredi l'Egypte à faire tout son possible pour garantir que l'aide humanitaire arrive de manière fluide dans la bande de Gaza, des cargaisons de nourriture et de médicaments s'entassant du côté égyptien de la frontière avec l'enclave palestinienne.

S'exprimant lors d'une audition au Congrès devant une commission de la Chambre des représentants, le chef de la diplomatie américaine a déclaré que le point de passage de Rafah, ville située à la pointe sud de la bande de Gaza, était bloqué depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle, le 7 mai, dans le cadre de son siège total de l'enclave.

Bien que les affrontements dans la zone compliquent les efforts humanitaires, l'aide peut toujours être acheminée dans la bande de Gaza, a-t-il poursuivi, semblant faire référence au point de passage de Kerem Shalom, en Israël, situé non loin de Rafah dans le sud de l'enclave palestinienne.

"Nous devons donc trouver un moyen de garantir que l'aide qui peut traverser Rafah peut le faire en toute sécurité. Nous exhortons fermement nos partenaires égyptiens à faire tout leur possible de leur côté pour s'assurer que l'aide circule avec fluidité", a dit Antony Blinken devant les parlementaires.

Des sources sécuritaires égyptiennes ont déclaré que l'Egypte ne pouvait pas acheminer de l'aide via Rafah car cela signifierait de reconnaître l'occupation militaire israélienne au point de passage frontalier - une présence militaire à laquelle Le Caire est opposé.

Le directeur du service de communication des autorités égyptiennes a déclaré mercredi à la télévision publique que les tentatives pour mettre en doute le rôle de l'Egypte pourraient pousser Le Caire à renoncer à servir de médiateur dans les négociations sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Israël a massé des chars d'assaut aux portes de Rafah en vue d'un assaut terrestre dans la zone, la seule où n'a pas opéré au sol l'armée israélienne depuis le début de l'offensive lancée à Gaza en octobre dernier en réponse à l'attaque du Hamas.

Plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza ont initialement fui vers Rafah, ville considérée comme l'ultime refuge relatif pour les civils palestiniens et par laquelle transitait une grande partie de l'aide humanitaire.

Les bombardements menés dans la zone par Tsahal ainsi que la perspective d'un assaut terrestre ont poussé des dizaines de milliers de personnes à se déplacer à nouveau, selon les Nations unies, et ont alimenté les tensions avec l'Egypte.

Le gouvernement égyptien a déclaré lundi que la présence des soldats israéliens et les opérations menées par Tsahal mettaient en danger la vie des chauffeurs de camions transportant des aides. (Simon Lewis, Humeyra Pamuk et Patricia Zengerle à Washington, avec la contribution d'Ahmed Mohamed Hassan au Caire; version française Jean Terzian)