29 mars (Reuters) - Des militants birmans ont lancé mardi une nouvelle campagne de désobéissance civile pour jeter des ordures dans les rues alors que, d'après un groupe de défense des droits de l'homme, les forces de sécurité ont tué plus de 500 personnes depuis le coup d'État du 1er février.

Sur les 14 civils tués lundi en Birmanie, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP) a indiqué qu'au moins huit d'entre eux se trouvaient dans un quartier du sud de Rangoun.

Selon des témoins, les forces de sécurité de la région ont tiré lundi avec des armes plus lourdes que d'habitude pour dégager une barricade de sacs de sable.

La télévision d'État a déclaré que les forces de sécurité avaient utilisé des "armes antiémeutes" pour disperser une foule de "terroristes violents" qui détruisaient un trottoir et qu'un homme avait été blessé.

Mardi, un résident a déclaré que de nouveaux tirs avaient été entendus dans la zone pendant la nuit, faisant craindre de nouvelles victimes.

La police et un porte-parole de la junte n'ont pas répondu à des demandes de commentaires.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exhorté les généraux birmans à mettre fin aux violences et à la répression des manifestations.

Les manifestants ont cherché à intensifier une campagne de désobéissance civile mardi en demandant aux habitants de jeter leurs ordures dans les rues.

"Cette grève des ordures est une grève pour s'opposer à la junte", pouvait-on lire dans une publication diffusée sur les réseaux sociaux.

DES GROUPES MILITANTS METTENT EN GARDE L'ARMÉE Au moins 510 civils ont été tués en près de deux mois alors que les forces armées tentent de mettre fin aux manifestations, a déclaré le groupe de défense AAPP.

Selon ses chiffres, le nombre total de personnes tuées samedi, la journée la plus sanglante jusqu'à présent, s'élevait à 141.

L'un des principaux groupes à l'origine des manifestations, le Comité de grève générale des nationalités (GSCN), a appelé lundi, dans une lettre ouverte, les minorités ethniques à aider ceux qui se dressent contre "l'oppression injuste" de l'armée.

Trois autres groupes ont appelé mardi, dans une lettre commune, l'armée à cesser de tuer les manifestants pacifiques et à résoudre les problèmes politiques.

Les insurgés de différents groupes ethniques luttent depuis des décennies contre le gouvernement central pour obtenir une plus grande autonomie. Bien que de nombreux groupes aient accepté des cessez-le-feu, des combats ont éclaté ces derniers jours entre l'armée et des groupes militants de l'est et du nord.

De violents affrontements ont éclaté le week-end dernier près de la frontière thaïlandaise entre l'armée et les combattants de la plus ancienne force de la minorité ethnique de Birmanie, l'Union nationale Karen (UNK).

Quelque 3.000 villageois ont trouvé refuge en Thaïlande après le bombardement par des avions de combat birmans d'une zone contrôlée par l'UNK, qui a coûté la vie à trois civils, après l'attaque par l'UNK d'un avant-poste militaire dont le bilan est de dix morts. (Bureau de Reuters; version française Camille Raynaud)