C'est la française BNP Paribas qui devrait subir les plus lourdes pertes du secteur, avec l'évaporation d'environ 950 millions d'euros de ses créances. La première banque française est l'établissement européen le plus exposé à la dette d'Athènes, hors Grèce.

Le fait que les pertes du secteur bancaire ne soient pas plus lourdes a soulagé les investisseurs et apaisé les craintes d'une contagion de la crise à l'Espagne et à l'Italie.

"Le danger d'un défaut (grec) incontrôlable est écarté. Cela ne signifie pas que tout va bien, seulement qu'une catastrophe a été évitée", a déclaré Oliver Flade, gestionnaire de fonds chez Allianz Global Investors.

"Une décote de 40-50% aurait été logique sur le plan économique. Mais entre les banques qui voulaient 0% et les dirigeants politiques qui demandaient bien plus, un consensus de 21% a été conclu. Pour les banques, c'est mieux que ce qu'elles pouvaient espérer."

Le coût pour les assureurs européens, qui détenaient en fin d'année dernière 24 milliards d'euros de dette grecque, devrait être similaire à celui des banques.

Toutefois, l'exposition du secteur des assurances est moins clairement définie que celle des banques, qui ont dû révéler de nombreux détails sur leurs avoirs dans le cadre des tests de résistance de la semaine dernière.

UNE DEUXIÈME DÉCOTE À PRÉVOIR?

Mais la crainte d'un alourdissement des pertes anticipées par les banques demeurent. Les obligations grecques s'échangent actuellement à un cours impliquant une décote de 45%, contre 50% la semaine dernière.

"Nous pensons depuis longtemps que l'issue la plus probable est que les détenteurs de dette grecque devront subir d'abord une petite décote, puis une plus importante plus tard. Pour que la Grèce ait une chance de s'en sortir, ils devront probablement renoncer à environ 65%", a estimé Gary Jenkins, du cabinet d'analyse Evolution.

Quatre possibilités s'offrent aux créanciers, notamment des offres d'échange de titres et de roulement (rollover), ainsi qu'un dispositif de rachat de dette.

Ces changements des conditions d'emprunt ont mené l'agence de notation Fitch à prévenir qu'elle placerait la Grèce en défaut partiel.

Le programme reposant sur le volontariat afin d'éviter un défaut complet, certains établissements pourront tout à fait ne pas y participer.

La dette grecque détenue par le secteur privé atteint environ 150 milliards d'euros. Une participation de 90% permettrait d'agir sur 135 milliards d'euros, dont environ 54 milliards d'ici à la mi-2014.

La contribution nette du secteur privé équivaudra à ce montant de 54 milliards, minoré du coût, assumé par la Grèce, du service des nouvelles obligations à 30 ans.

BNP Paribas détient 4,5 milliards d'euros de dette grecque. Elle est suivie par la franco-belge Dexia et la chypriote Marfin, toutes deux à 3,4 milliards d'euros.

Ces deux banques pourraient donc subir une perte de 700 millions d'euros chacune.

On trouve ensuite Commerzbank avec 3 milliards d'euros d'avoirs, et Société générale, avec 2,4 milliards. Leurs pertes devraient atteindre respectivement 630 millions et 500 millions d'euros.

Les assureurs les plus exposés sont l'italien Generali, avec 3 milliards d'euros, le français CNP Assurances avec 2 milliards et l'allemand Allianz, avec 1,3 milliard d'euros, selon les chiffres de Barclays Capital.

Avec Sudip Kar-Gupta à Londres, Michel Rose à Milan, Arno Schütze à Francfort et Ingrid Melander à Athènes, Gregory Schwartz pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot