PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en net repli vendredi à l'ouverture au lendemain de la publication d'une croissance soutenue de l'inflation aux Etats-Unis et des commentaires d'un membre de la Réserve fédérale, qui font craindre aux investisseurs une resserrement monétaire accélérée de la banque centrale américaine.

D'après les contrats à terme, le CAC 40 parisien pourrait perdre 0,99% à l'ouverture, le Dax à Francfort cèderait 0,99%, le FTSE à Londres reculerait de 0,77% et l'EuroStoxx 50 de 1,13%.

Les indices européens ont fini en léger repli jeudi, interrompant ce qui aurait pu être une quatrième séance de hausse après l'annonce d'une inflation américaine supérieure aux attentes. L'indice des prix à la consommation a augmenté de 7,5% sur un an janvier, dépassant le consensus Reuters à 7,3% et marquant la plus importante hausse annuelle de l'inflation en 40 ans.

Le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, a déclaré après la clôture du marché européen qu'il était devenu "radicalement" plus restrictif à la lumière du niveau de l'inflation et qu'il souhaitait désormais que les taux d'intérêt soient relevés de 100 points de base, soit 1%, sur les trois prochaines réunions de la banque centrale américaine.

Pour Rick Rieder, directeur d'investissements chez BlackRock, la Fed va devoir jouer les équilibristes en ajustant rapidement sa politique sans trop en faire "car cela créerait un risque important pour les marchés et l'économie."

La probabilité d'une hausse de taux de 50 points de base en mars a augmenté à près de 89% contre 24% il y a deux jours, selon le baromètre FedWatch de CME Group.

Goldman Sachs a modifié ses prévisions et table désormais sur sept relèvement des taux de 25 points de base cette année, contre cinq hausses précédemment.

A WALL STREET

Les contrats à terme de Wall Street indiquent une ouverture en baisse de 0,5% à 0,7% au lendemain d'une séance déjà plombée par les données sur l'inflation.

Jeudi, le Dow Jones a perdu 1,47% pour terminer à 35.241,59 points, le S&P-500 a cédé 1,81% à 4.504,06 et le Nasdaq Composite a chuté de 2,1% à 14.185,64 points.

Les grandes valeurs de croissance Tesla, Nvidia et Microsoft ont perdu environ 3%.

Côté résultats, Walt Disney a avancé de 3,3% après avoir dépassé le consensus en matière de chiffres d'affaires et de bénéfice trimestriels.

Le fabricant de jouets Mattel et le spécialiste des céréales Kellogg ont gagné 7,65% et 3,11% respectivement, après avoir prévu un bénéfice annuel supérieur aux attentes du marché.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo est fermée pour un jour férié.

En Chine, les marchés actions ont fini dans le rouge, également pénalisés par les craintes liées à la Fed et ce, en dépit du niveau record des nouveaux prêts des banques chinoises atteint en janvier.

L'indice CSI300 a lâché 0,83% et l'indice composite de Shanghai 0,66%.

TAUX

Les chiffres de l'inflation sont de nature à alimenter les spéculations sur une accélération de la remontée des taux américains plus rapide qu'anticipé jusqu'à présent, ce qui se fait sentir sur le marché obligataire.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans se maintient à plus de 2% ce vendredi, un seuil qu'il a franchi jeudi pour la première fois depuis août 2019.

Le deux ans prend près de quatre points de base à 1,6041%.

Dans les premiers échanges, le rendement du Bund à dix ans est stable autour de 0,284% après avoir fini jeudi à 0,292%, un plus haut en clôture depuis décembre 2018.

CHANGES

Sur le marché des changes, le dollar s'apprécie de 0,46% face à un panier de devises internationales et de 0,4% face à l'euro, revenu sous 1,14 dollar.

La livre a très légèrement réduit ses pertes après l'annonce d'une contraction moins importante qu'anticipé du produit intérieur brut en décembre.

PÉTROLE

Les prix du pétrole sont en baisse alors que l'inflation américaine alimente les craintes sur la politique monétaire de la Fed et que les investisseurs attendent l'issue des discussions sur le nucléaire iranien qui pourraient conduire en cas d'accord sur une augmentation de l'offre mondiale de brut.

Le baril de Brent perd 0,7% à 90,77 dollars et celui de brut léger américain cède 0,53% à 89,4 dollars.

(édité par Blandine Hénault)

par Laetitia Volga