Sur la voie de réformes financières plus vastes

- La libéralisation des taux d'intérêt sera essentielle pour la réussite de réformes financières plus vastes
- Confronté à des intérêts contradictoires, Pékin doit faire preuve de prudence

L'expérience internationale montre que l'existence d'un système de garantie des dépôts est une condition sine qua non à la déréglementation des taux de rémunération des dépôts. Les autorités de Pékin ont désormais trouvé un consensus de principe pour la mise en place d'une telle garantie, et semblent disposées à laisser progressivement les forces du marché déterminer le taux de rémunération.

Elles ont pris une première mesure dans ce sens fin 2013, avec la création d'un marché interbancaire pour les titres de créance négociables, sur lequel seuls les acteurs du secteur interbancaire peuvent effectuer des opérations. En guise de prochaine étape, Pékin pourrait mettre fin au plafonnement des taux sur les dépôts importants à long terme.

Prise en compte des différents intérêts
Les avantages sont évidents : conjuguée à d'autres réformes financières, la libéralisation des taux d'intérêt devrait contribuer à rendre l'allocation du capital plus efficace. Elle est également essentielle pour que la Chine puisse approfondir ses marchés financiers, permettre la valorisation juste des primes de risque et établir des fondations solides pour le compte de capital et la convertibilité du renminbi.

Cela étant, la libéralisation des taux d'intérêt n'aura pas des bienfaits pour tout le monde. Si les PME et les ménages affichant une épargne nette devraient être les plus favorisés car ils pourront accéder au crédit et générer des rendements supérieurs, les banques et entreprises publiques risquent d'y perdre et pourraient s'opposer à cette réforme puisqu'elles ont d'importants intérêts politiques et propres. Pour les banques, la suppression du plafonnement des taux de rémunération des dépôts stimulera la concurrence des fonds et se traduira par une hausse des taux, ce qui contribuera à mettre fin à leur monopole et pèsera sur leurs bénéfices. Pour leur part, les entreprises publiques seront lourdement pénalisées par le renchérissement des coûts de financement.

Prudence possible
La libéralisation trop rapide des taux d'intérêt pourrait aggraver le risque posé par la dette des administrations locales, qui a considérablement alourdi le fardeau de la dette publique chinoise depuis 2010. À 53 % du PIB, celui-ci est supportable, mais la libéralisation des taux d'intérêt pourrait provoquer sa hausse à mesure qu'ils augmentent.

Étant donné ces contraintes, il est probable que les dirigeants chinois fassent preuve de prudence. Une libéralisation progressive accorderait aux banques et entreprises publiques un délai supplémentaire pour s'adapter, sans pour autant interrompre la dynamique de réformes essentielles.


Cet article est extrait de notre magazine Convictions de mars destiné aux investisseurs professionnels. Si vous avez des questions, commentaires ou suggestions ou souhaitez recevoir ce magazine, n'hésitez pas à nous contacter à newsletters@bnpparibas-ip.com.

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Chi Lo, senior strategist Greater China, Hong Kong