WASHINGTON, 10 janvier (Reuters) - L'audience de confirmation de Jeff Sessions, choisi par Donald Trump pour diriger le département de la Justice, a été perturbée mardi au Sénat des Etats-Unis par des manifestants et dominée par son passé en matière de droits civiques et sur les questions raciales.

Le sénateur républicain très conservateur de l'Alabama est la première personnalité désignée par le président élu pour siéger dans le futur gouvernement à se soumettre à cette procédure de confirmation.

Devant ses ex-collègues de la chambre haute, l'"Attorney General" désigné a balayé les allégations selon lesquelles il aurait marqué de la sympathie pour les suprémacistes blancs du Ku Klux Klan. "J'abhorre le Klan, ce qu'il représente et son idéologie de la haine", a-t-il dit dans son propos liminaire.

Le début de l'audience a été perturbé par plusieurs manifestants, dont certains s'étaient déguisés en membres du Klan avec fausse robe blanche à capuche. Un autre a brandi une pancarte appelant à "soutenir les droits civiques et à faire obstacle à Sessions".

Fidèle de Donald Trump dont il partage beaucoup de points de vue sur l'immigration ou le climat, Sessions, qui fut le premier sénateur républicain à lui apporter son soutien pendant les primaires, s'attendait à une audition houleuse devant la commission sénatoriale des Affaires judiciaires.

La sénatrice démocrate Diane Feinstein a déclaré que la commission avait reçu des lettres émanant de 400 organisations de défense des droits civiques s'opposant à sa nomination à la tête du département de la Justice. "Cette tâche nécessite d'être au service du peuple et de la loi, pas du président", a-t-elle dit.

En 1986, alors qu'il était procureur fédéral, Sessions avait vu sa candidature à un poste de juge fédéral rejetée en raison de propos racistes qui lui avaient été prêtés. Cela ne s'était produit qu'une seule fois au cours des cinquante années précédentes.

Mais le Sénat, à majorité républicaine, devrait valider au final sa nomination.

Dans les structures américaines du pouvoir, l'Attorney General est le premier procureur du pays et le conseiller juridique du président. A la tête du département de la Justice, il supervise aussi le système judiciaire qui décide de l'expulsion ou de l'asile des migrants.

Sessions a souligné qu'il intenterait des poursuites "vigoureuses" et "sans délai" contre ceux qui violent les frontières des Etats-Unis.

Il a par ailleurs indiqué, même s'il est en désaccord sur le fond, qu'il respecterait la loi découlant de l'arrêt de la Cour suprême qui reconnaît le droit à l'avortement. De même, il appliquera l'arrêt plus récent reconnaissant le droit au mariage des couples homosexuels.

En 2015, les républicains ont bloqué pendant 166 jours la nomination de l'actuelle Attorney General, Loretta Lynch, choisie par le président démocrate Barack Obama.

VOIR AUSSI

Le PORTRAIT de Jeff Sessions, ultraconservateur récompensé pour sa fidélité:

ENCADRE Les visages de l'administration Trump: (Julia Edwards Ainsley; Henri-Pierre André pour le service français)