(Actualisé avec réactions, précisions et contexte)

par Crispian Balmer et Gavin Jones

ROME, 4 mars (Reuters) - Aucune majorité parlementaire claire ne se dessinait dimanche soir en Italie selon les premières projections réalisées sur la base de sondages sortie des urnes qui indiquent que le pays s'oriente vers une situation de blocage politique.

La coalition de droite formée autour de Forza Italia de Silvio Berlusconi et de la Ligue du Nord de Matteo Salvini est donnée en tête, mais, avec un score cumulé estimé entre 33 et 36%, elle ne devrait pas être en mesure de décrocher une majorité absolue à la Chambre des députés et au Sénat.

Au niveau des partis, c'est le Mouvement contestataire 5 Etoiles (M5S) qui arrive très largement en tête, avec un score estimé autour de 30% selon les instituts qui confirment la percée spectaculaire d'un parti créé en 2009 seulement.

Sans attendre les premiers résultats, le mouvement anti-système dirigé par le jeune Luigi di Maio, 31 ans, a estimé que si ces tendances se confirmaient, il serait incontournable.

"Nous pouvons déjà dire que si ces résultats sont confirmés, ce sera un événement historique extraordinaire. Nous serons un pilier de la législature", a déclaré Alfonso Bonafede sur l'antenne de La 7, ajoutant toutefois qu'il fallait rester prudent à ce stade précoce de la nuit électorale.

Le Parti démocrate au pouvoir est projeté lui entre 21 et 23%, un revers qui pourrait le renvoyer dans l'opposition. "Si c'est le résultat, pour nous, c'est une défaite et nous irons dans l'opposition", a commenté Ettore Rosato, président PD de la Chambre des députés.

FORZA ITALIA ET LA LIGUE DU NORD AU COUDE À COUDE

A droite, Forza Italia et la Ligue du Nord sont donnés au coude à coude. Les deux partis, dans le cadre de leur accord de coalition, sont convenus que la formation qui arriverait en tête prendrait la tête d'un éventuel gouvernement.

Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), la formation d'extrême droite alliée à leur coalition, est donnée dans une fourchette comprise entre 3,5 et 5,5%.

Les résultats complets ne sont pas attendus avant plusieurs heures et les sondages sortie des urnes en Italie se sont souvent révélés trompeurs par le passé. Mais si les projections pointent dans la bonne direction, l'Italie, troisième puissance économique de la zone euro, se dirige vers une situation de blocage politique.

Les Italiens étaient appelés dimanche à élire pour cinq ans les 630 membres de la Chambre des députés et les 315 membres du Sénat en vertu d'une nouvelle loi électorale complexe.

Adopté fin 2017, ce système jamais testé jusqu'à dimanche prévoit que 37% des sièges sont alloués au scrutin majoritaire uninominal à un tour, 61% à la proportionnelle et 2% désignés par les Italiens de l'étranger.

Politologues et sondeurs estimaient qu'un parti ou une coalition devrait décrocher au moins 40% des voix pour obtenir une majorité au Parlement.

Au cours de la campagne, les chefs des partis et coalitions en présence ont affirmé qu'il n'y aurait pas de négociations post-électorales. Mais l'histoire politique de l'Italie est riche de compromis inattendus ayant permis de débloquer des situations a priori inextricables.

Les deux chambres du nouveau Parlement siégeront pour la première fois le 23 mars prochain. Les discussions formelles en vue de constituer un gouvernement ne devraient pas commencer avant début avril.

(Henri-Pierre André pour le service français)