par Louise Egan et Jan Strupczewski

Après deux jours de réunion, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, s'est déclaré convaincu que la Grèce, confrontée à une aggravation alarmante de sa dette publique, mettrait pleinement en oeuvre les mesures de redressement budgétaire annoncées.

"Nous nous attendons et nous sommes confiants que le gouvernement grec prendra toutes les décisions qui lui permettront d'atteindre cet objectif que j'ai réitéré", a-t-il dit dans une déclaration.

Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, qui rassemble les seize pays de l'Union européenne utilisant la monnaie unique, a lui aussi fait part de sa détermination et de sa confiance.

"Nous, représentants de la zone euro, avons clairement indiqué que la situation en Grèce est grave, mais que le problème sera résolu", a-t-il dit.

Juncker a dit la détermination des Européens à résoudre cette crise en se passant de l'intervention du Fonds monétaire international (FMI).

"Nous avons parlé de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne et nous avons dit à nos partenaires que nous devions régler nous-mêmes le problème, sans l'aide du FMI", a déclaré à Reuters Jean-Claude Juncker, à l'issue de cette réunion des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni).

Les pressions s'accentuent sur des pays comme la Grèce, le Portugal et l'Espagne pour qu'ils réduisent leurs dépenses et contrôlent mieux leur dette, alors que les marchés sont tombés vendredi à un plus bas de trois mois de crainte d'une déstabilisation de la zone euro.

Le conservateur allemand Günther Oettinger, l'un des dirigeants de la CDU de la chancelière Angela Merkel, a dit craindre samedi que l'euro ne devienne une monnaie instable, mais son collègue Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, a tenu à être plus rassurant.

"L'euro restera stable, les marchés ont toujours tendance à réagir avec excès", a affirmé Schäuble.

A propos de la crise budgétaire en Grèce, ce dernier a ajouté: "La Grèce doit comprendre que quand on viole les règles pendant trop longtemps, on doit payer un jour le prix fort".

RÉUNION LE 20 MAI À BERLIN

Quant aux conséquences de la crise financière, un responsable allemand présent à Iqaluit a déclaré que le G7 voulait voir les établissements bancaires mettre la main à la poche pour contribuer à réparer les dégâts.

"Il y a un consensus pour que les banques elles-mêmes contribuent à payer le coût financier de cette crise", a dit ce responsable qui a requis l'anonymat. Il reste toutefois à se mettre d'accord sur la forme que prendra cette contribution, a-t-il ajouté.

L'Allemagne a par ailleurs invité ses partenaires du G7 le 20 mai à Berlin pour une réunion consacrée à la régulation des marchés financiers.

La Grèce et le Portugal sont, comme d'autres membres de la zone euro à l'instar de l'Espagne, handicapés par des déficits abyssaux et des taux d'endettement très élevés qui pourraient les obliger à faire appel à une aide extérieure pour éviter un défaut sur leur dette souveraine.

Cette crise est la plus grave qu'ait à affronter la zone euro depuis sa création il y a 11 ans et certains analystes n'excluent plus la possibilité de voir un petit Etat membre, comme la Grèce, contraint d'en sortir pour assurer la survie de l'Union monétaire.

Le quotidien français Le Monde a rapporté que, selon les experts du FMI, il faudrait 20 à 25 milliards de dollars (14,6 à 18,3 milliards d'euros) d'aides pour rassurer les marchés au sujet de la Grèce.

Jeudi, le directeur général du Fonds, Dominique Strauss-Kahn, de passage à Paris, s'était déclaré prêt à aider Athènes si on le lui demandait.

Les inquiétudes financières s'accompagnent d'une montée des tensions sociales. En Grèce, si les agriculteurs ont commencé à lever des barrages établis il y a près de trois semaines, des fonctionnaires du fisc et des douanes ont poursuivi la grève entamée jeudi.

Version française Gregory Schwartz, Marc Angrand, Guy Kerivel et Pascal Liétout