* Un premier bilan officiel fait état de trois morts et 79 blessés

* Le président Xi Jinping réclame des "actions décisives" contre le "terrorisme"

* L'attentat s'est produit dans une gare d'Urumqi, la capitale (Actualisé réactions, précisions sur l'attaque et contexte)

par Ben Blanchard

PEKIN, 30 avril (Reuters) - Un attentat à la bombe suivi d'agressions à l'arme blanche ont fait au moins trois morts et 79 blessés, dont quatre dans un grave, mercredi soir à Urumqi, la capitale de la région troublée du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, selon les autorités qui dénoncent un acte "terroriste".

"La bataille engagée pour combattre la violence et le terrorisme n'autorisera pas même un instant de relâchement et des actions décisives doivent être entreprises pour éradiquer résolument la dynamique rampante des terroristes", a réagi le président Xi Jinping, cité par l'agence officielle de presse Chine nouvelle.

L'attentat a visé une gare ferroviaire de la ville, précise l'agence, qui a fourni le premier bilan officiel précis de l'attaque. D'après la télévision publique chinoise, la gare a été prise pour cible par des hommes armés de poignards en plus de leur engin explosif.

Dans un premier temps, les autorités avaient avancé un bilan bien moindre - le Quotidien du Peuple faisait état sur son site internet de quelques blessés - et n'avaient fourni aucune explication sur les causes de l'explosion.

L'attentat coïncide avec la fin d'une visite de quatre jours du président chinois dans cette province en proie à des troubles depuis plusieurs années, que le gouvernement chinois impute à des séparatistes ouïghours.

Xi Jinping y a notamment évoqué avec insistance le rôle des forces de police dans la lutte contre le "terrorisme".

On ignore s'il se trouvait toujours dans le Xinjiang au moment de l'attentat.

CRAINTE DE RÉPRESSION

L'agence Chine nouvelle indique que l'attaque contre la Gare-Sud d'Urumqi s'est produite vers 19h00 (11h00 GMT).

Des images diffusées sur Weibo, le Twitter chinois, que Reuters n'a pu vérifier, montrent du sang sur des valises et des débris devant la gare. La plupart de ces photos ont ensuite été rapidement retirées par la censure.

Les organisations de défense de droits de l'homme estiment pour leur part que les troubles au Xinjiang, qui ont fait plus de 100 morts en 2013, sont liés à la politique restrictive menée par le gouvernement central à l'encontre des Ouïghours, des musulmans turcophones, en ce qui concerne leur langue et leur religion.

A Urumqi même, un calme relatif régnait depuis les émeutes de 2009 entre Ouïghours et Han, l'ethnie majoritaire en Chine, qui ont fait près de 200 morts.

Les autorités chinoises ont accru leur vigilance depuis l'incendie d'une voiture sur la place Tiananmen à Pékin en octobre 2013 et la mort de 29 personnes le mois dernier dans une gare à Kunming dans le sud-ouest de la Chine. Le gouvernement a imputé ces deux incidents à des activistes du Xinjiang.

Les Ouïghours sont traditionnellement adeptes d'un islam modéré mais certaines pratiques plus conservatrices se développent, comme le port du voile pour les femmes, parallèlement au renforcement des mesures de sécurité par les autorités chinoises.

Contacté par téléphone, Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation d'exilés basée en Allemagne, a dit craindre que l'attaque ne déclenche une nouvelle vague de répression contre la communauté.

"C'est extrêmement inquiétant. Quoi qu'il se passe, la Chine réprime avant toute chose les Ouïghours, aboutissant à l'enfermement de nombreux Ouïghours", a-t-il dit. (Danielle Rouquié, Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)