Article du Ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov "Russie - Asie centrale: un partenariat à l'épreuve du temps", publié par Rossiïskaïa gazeta le 4 octobre 2017

L'année 2017 marque le 25 anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Fédération de Russie et les États d'Asie centrale. De nombreux événements sont consacrés à cette date importante, dans des domaines très différents. Le Président russe Vladimir Poutine a rencontré les leaders de tous les pays de la région - il vient de terminer sa visite au Turkménistan. Ce sujet est également évoqué en détail lors des contacts intensifs au niveau des ministères des Affaires étrangères.

Cet anniversaire offre une bonne occasion de tirer le bilan de notre travail depuis 25 ans et de dessiner nos plans pour l'avenir. Nous avons obtenu des résultats dignes d'être présentés à l'opinion publique de nos pays. La Russie a établi des relations d'alliance ou de partenariat stratégique avec le Kazakhstan, la Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan. Les efforts communs ont permis de former une base juridique solide, d'établir un dialogue politique de confiance - y compris au sommet - et d'assurer globalement une coopération étroite et diversifiée. Nos piliers principaux dans ce travail ont toujours été et restent notre proximité géographique, notre histoire commune et l'entrelacement des destins humains qui nous lient.

Nos États maintiennent des liens commerciaux et économiques très structurés. Le volume des investissements russes dans cette région se chiffre à près de 20 milliards de dollars. Plus de 7 500 entreprises russes ou mixtes mènent des activités fructueuses en Asie centrale. Le travail des ressortissants de la région en Russie apporte à ces pays des revenus considérables (plus de 37 milliards de dollars de 2013 à 2016).

Depuis près de dix ans, le volume de notre aide aux États d'Asie centrale - dans le cadre bilatéral ou multilatéral - a dépassé 6 milliards de dollars. La Russie a annulé les dettes kirghize (488 millions de dollars) et ouzbèke (865 millions de dollars). Les livraisons dédouanées de pétrole et de produits pétroliers sont également une forme de soutien apporté par la Russie.

Notre pays accorde une importance particulière à l'élargissement du partenariat sur le plan humain, notamment afin de former un espace éducatif, scientifique et culturel commun. Nous sommes ravis de constater que le russe reste la langue maternelle (ou deuxième langue maternelle) pour une part considérable des habitants de la région. Nous encourageons activement l'intérêt porté à son étude, notamment chez les jeunes. 150 000 étudiants d'Asie centrale font leurs études dans des universités russes, dont près de 46 000 reçoivent des bourses du budget fédéral russe. Les antennes régionales des principales universités russes forment des spécialistes qualifiés pour un large éventail de métiers demandés.

Selon l'entente entre nos deux Présidents, 28 professeurs de différentes régions russes ont accepté de travailler dans des écoles du Tadjikistan, et la Russie a transmis 60 000 manuels scolaires en russe au pays. On étudie actuellement la construction, dans plusieurs grandes villes du pays, de cinq écoles dispensant un enseignement en russe. Le soutien financier de Gazprom a assuré la construction et le fonctionnement efficace du collègue Pouchkine au Turkménistan et permis de lancer le projet de création d'un collège innovant au Kirghizstan. L'école Tchekhov a été ouverte en septembre 2016 à Bichkek avec le soutien de la Fondation russe de la paix. Les Centres russes de science et de culture forment une base systémique pour les cours de langue russe.

Je suis certain que les citoyens de nos pays ont constaté le riche programme d'échanges culturels à l'occasion de l'anniversaire: des festivals de chanson, des semaines de cinéma et de théâtre, des concerts de groupes musicaux et d'autres événements.

En un quart de siècle, les pays d'Asie centrale sont devenus des acteurs à part entière de la vie internationale. Aujourd'hui, ils apportent une contribution considérable au maintien de la stabilité régionale et globale. Le Kazakhstan représente de manière très digne les États de l'Asie-Pacifique en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, où il préside notamment les comités sur les sanctions contre les Talibans, l'État islamique et Al-Qaïda, ainsi que sur la Somalie et l'Érythrée. Astana est largement reconnu en tant que plateforme internationale importante dans le cadre des efforts visant à régler le conflit sanglant qui perdure depuis des années en Syrie.

Le problème de l'utilisation raisonnable des ressources aquatiques dans le monde a été évoqué par l'initiative tadjike - adoptée par l'Assemblée générale de l'Onu - de baptiser la période de 2018 à 2028 comme la décennie internationale 'L'eau pour le développement durable'. Du 10 au 11 novembre, Samarkand doit recevoir la Conférence de haut niveau sur la sécurité régionale 'L'Asie centrale: un passé et un avenir communs. Coopérer pour un développement durable et une prospérité mutuelle'.

Les pays de la région favorisent activement le développement des liens sportifs internationaux. Achkhabad a accueilli avec succès en septembre les 5 Jeux asiatiques des sports en salle et des arts martiaux, qui ont réuni des sportifs de 64 pays d'Asie et d'Océanie. En organisant les Jeux mondiaux nomades, le Kirghizstan apporte une contribution utile à la conservation de l'héritage culturel des peuples nomades.

Nous constatons avec plaisir que nos approches des principaux problèmes régionaux et globaux d'actualité coïncident ou sont très proches. La Russie est le partenaire le plus important des États d'Asie centrale dans le domaine militaire et technique. Elle leur offre également son soutien dans la lutte contre de nombreux défis et menaces à leur sécurité, notamment contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants et le crime organisé. Ce partenariat se développe au niveau bilatéral, tout comme dans le cadre de l'OTSC, de l'OCS et de la CEI. Son élargissement et son perfectionnement revêtent une importance particulière dans le contexte de l'instabilité persistante de l'Afghanistan et de l'afflux de combattants de l'EI de Syrie et d'Irak.

L'expérience de ces 25 dernières années a démontré les avantages de l'intégration progressive à l'œuvre dans l'espace post-soviétique. Nous apprécions l'apport des États d'Asie centrale à l'amélioration de l'efficacité du travail de la Communauté des États indépendants en tant qu'organisation internationale respectée. Aujourd'hui, l'avant-garde est représentée par l'Union économique eurasiatique dont le Kazakhstan et le Kirghizstan sont membres à part entière. Les avantages de l'intégration à l'UEEA - qui représente 182 millions de consommateurs et un PIB commun de plus de 2 200 milliards de dollars - sont évidents. On a créé des marchés communs de marchandises, de services, de capitaux et de main-d'œuvre. La coopération dans le cadre de l'Union a aidé à amortir l'influence négative de la conjoncture mondiale sur l'économie des États membres. Nous considérons l'UEEA comme l'un des éléments-clés de l'initiative du Président russe Vladimir Poutine visant à former un Grand partenariat eurasiatique - il s'agit du modèle d'intégration à plusieurs niveaux visant à assurer le développement durable de toute la région, y compris de l'Asie centrale.

Nous regardons avec optimisme vers le futur de nos relations, qui se basent sur les principes de l'égalité des droits, du respect mutuel et de la prise en considération des intérêts des autres. Je suis convaincu que leur approfondissement et leur élargissement répondent aux intérêts de nos citoyens et devraient favoriser le renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité. La Russie veut sincèrement voir dans la région des pays prospères et ouverts à une coopération très large. A cette occasion, je voudrais souhaiter bonheur, prospérité et bien-être aux peuples des États d'Asie centrale.