(Actualisé avec Trump et Macron)

ISTANBUL, 23 décembre (Reuters) - La Turquie déploie actuellement des renforts de troupes à sa frontière avec la Syrie, et notamment une centaine de véhicules militaires, rapporte dimanche l'agence de presse turque Demiroren News Agency (DHA).

Voici quelques jours, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré que son pays allait différer une opération militaire prévue contre les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple), sur fond de décision des Etats-Unis de retirer leur contingent de Syrie.

Le président américain Donald Trump a déclaré dimanche avoir discuté avec son homologue turc de la Syrie et du "retrait lent et très coordonné" des troupes américaines présentes dans ce pays.

Au Tchad où il était en visite, Emmanuel Macron a quant à lui critiqué dimanche la décision de retrait des troupes américaines de Syrie, jugeant qu'un allié se devait "d'être fiable" et appelant Washington à la responsabilité quant à l'avenir des combattants kurdes.

Le convoi de véhicules militaires turcs, écrit DHA, s'est dirigé vers la province frontalière de Kilis. Il comprend des chars, des auto-mitrailleuses, des obusiers et des autocars transportant des commandos.

Une partie du matériel et de ces troupes doivent prendre position le long de la frontière, tandis que d'autres sont déjà passés en Syrie, via le district d'Elbeyli, ajoute DHA.

La chaîne d'information turque TRT World a diffusé des images sur lesquelles ont voit une partie du convoi entrant en Syrie au niveau de la ville-frontière turque de Karkamis, dans la province de Gaziantep, à 35 km de la ville syrienne de Manbij. Le convoi entre dans une zone sous le contrôle de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles alliés à Ankara) et a pris la direction de la ligne de front du côté de Manbij, a ajouté TRT World.

Le district d'Elbeyli se trouve quant à lui à 45 km de Manbij, ville qui a été un point de tension important entre Ankara et Washington. En juin, les deux capitales avaient trouvé un accord portant sur le départ des miliciens YPG du secteur de Manbij mais la Turquie s'est plainte de ce que le calendrier de leur retrait ait pris du retard.

Ankara considère la milice des YPG comme une organisation terroriste et le prolongement syrien du PKK turc (Parti des travailleurs du Kurdistan), qui mène une insurrection dans le sud-est de la Turquie depuis 1984.

La Turquie a déjà, avec l'appui de l'ASL, lancé deux opérations militaires dans le nord de la Syrie, baptisées "Bouclier de l'Euphrate" et "Rameau d'olivier" contre les YPG et le groupe djihadiste Etat islamique. (Yesim Dikmen; Eric Faye pour le service français)