BAGDAD, 31 janvier (Reuters) - Al Qaïda en Irak a appelé jeudi les sunnites à prendre les armes contre le Premier ministre chiite Nouri al Maliki.

L'appel de l'Etat islamique d'Irak, émanation de la nébuleuse islamiste, s'adresse aux milliers de sunnites qui manifestent depuis le mois de décembre, essentiellement dans la province d'Anbar, pour exprimer leurs frustrations et dénoncer leur marginalisation depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003.

"La paix et la patience" ne sont d'aucune utilité face aux chiites, majoritaires en Irak, explique le groupe.

"Vous avez deux options, pas trois: soit vous vous agenouillez devant les apostats, soit vous prenez les armes", déclare Abou Mohamed al Adnani, porte-parole de l'Etat islamique d'Irak, dans une déclaration audio diffusée par un site djihadiste.

Les dirigeants de la contestation sunnite réclament notamment que la loi antiterroriste soit amendée, de même que celle qui a organisé la "débaasification" du pays - l'interdiction faite aux membres de l'ancien Parti baas de Saddam Hussein d'occuper des postes dans l'administration. Cette loi, disent-ils, est utilisée pour discriminer la minorité sunnite.

Maliki a indiqué qu'il se saisirait des demandes légitimes des manifestants et a fait stopper les arrestations sur la foi d'informateurs anonymes. Mais il a mis en garde contre le risque d'un détournement du mouvement par des groupes islamistes.

Dans un rapport publié jeudi, l'association Human Rights Watch écrit que les autorités irakiennes ont eu recours à des mesures "draconiennes" contre des chefs de file, des détenus et des manifestants sunnites.

L'organisation de défense des droits de l'homme basée à New York mentionne notamment des arrestations arbitraires et des interrogatoires brutaux.

La semaine dernière, les tensions ont dégénéré à Falloudja, ville majeure de la province d'Anbar située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad: cinq personnes ont été tuées par les forces de sécurité irakiennes. (Patrick Markey et Aseel Kami; Henri-Pierre André pour le service français)