En dépit de ses difficultés financières actuelles, la compagnie aérienne franco-néerlandaise s'est décidée à maintenir ses investissements de flotte avec l'achat de 25 A350-900. La transaction, estimée à 7,2 milliards de dollars sur la base des prix catalogue, prévoit une option portant sur l'achat de 25 autres appareils supplémentaires.

Sinpapore Airlines a également opté pour l'A350 avec une commande ferme de 30 appareils, un contrat d'une valeur de 8,6 milliards de dollars, assortie d'une option pour 20 autres avions.

Ce besoin de renouvellement, à la fois motivé par la demande de la clientèle de voyager à bord d'avions modernes et la nécessité pour les compagnies de disposer de flottes plus efficientes, concerne aussi bien les "majors" que les spécialistes du "low cost".

Faisant écho à une commande passée mardi par la britannique easyJet, l'irlandaise Ryanair, première compagnie européenne à bas coûts, a finalisé une commande de 175 B737-800 annoncée il y a trois mois pour près de 16 milliards de dollars.

Son directeur général, Michael O'Leary, a déclaré que ses équipes réfléchissaient à passer une autre commande d'au moins 200 exemplaires du 737 MAX, la version remotorisée du monocouloir, d'ici à la fin de l'année, sans exclure que leur choix in fine se porte sur l'A320neo d'Airbus.

Derrière la stratégie de communication retenue par Airbus et Boeing - les deux sociétés profitent toujours des salons du Bourget ou de Farnborough, au Royaume-Uni, pour montrer leurs muscles - la demande croissante d'avions civils dans le monde continue bel et bien d'entraîner constructeurs et équipementiers.

ATTENTION À LA GUERRE DES PRIX

A moyen terme, deux grands risques pourraient toutefois fragiliser le cycle : la remontée des taux d'intérêt et un ralentissement conjoncturel dans les grands pays émergents où réside le grand potentiel de croissance du transport aérien.

Dans un entretien accordé au quotidien Les Echos, le directeur général délégué à la stratégie et au marketing d'EADS, Marwan Lahoud, laisse entendre qu'une guerre des prix entre constructeurs serait également néfaste à l'industrie.

"La bataille de chiffres entre Boeing et Airbus (la principale division d'EADS, NDLR) est plus une façon de mettre en scène la compétition, celle-ci va être longue, et consentir des baisses de prix pour un événement, c'est se créer des problèmes pour de nombreuses années, donc nous faisons très attention", explique-t-il.

Les commandes affichent une valeur faciale très élevée. Leur montant total sur la base des prix catalogue, indicatifs car sujets à négociation lors du placement de gros volumes, frôlent déjà les 90 milliards de dollars pour les deux constructeurs au troisième jour du salon.

Le match Airbus-Boeing a une nouvelle fois quelque peu éclipsé la présence des autres entreprises et les annonces du secteur militaire.

Le japonais Mitsubishi Aircraft a toutefois indiqué mardi soir espérer que son avion régional MRJ trouve toute sa place sur le segment des avions de 70 à 90 places malgré le lancement par son concurrent brésilien Embraer d'un modèle de nouvelle génération.

Les entreprises militaires américaines ont de leur côté fait état d'une demande toujours plus importante en provenance des pays émergents pour les avions de combat, les missiles et autres systèmes de défense malgré la diminution des budgets militaires en Europe et aux Etats-Unis.

Le militaire devrait d'ailleurs être à l'honneur vendredi, jour de l'ouverture du salon au grand public. Trois sources ont déclaré à Reuters que le président François Hollande prévoyait de se rendre sur place à bord du nouvel avion de transport militaire d'Airbus, l'A400M.

Avec Tim Hepher, James Regan, Maria Sheahan, Andrea Shalal-Esa, édité par Dominique Rodriguez

par Matthias Blamont et Gilles Guillaume