par Stephanie Nebehay

GENÈVE, 17 août (Reuters) - Les taliban ont assuré aux Nations unies qu'elles pouvaient poursuivre leur travail humanitaire en Afghanistan, frappé par la sécheresse, a déclaré mardi un responsable de l'aide humanitaire de l'Onu.

Dans une interview à Reuters, Ramiz Alakbarov, coordinateur humanitaire de l'Onu en Afghanistan, a exhorté les donateurs occidentaux à continuer de financer sa mission dans le pays où 18,5 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, dépendent de l'aide humanitaire.

La moitié des enfants afghans de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, alors que le pays fait face à sa deuxième sécheresse en quatre ans, a déclaré Ramiz Alakbarov.

"Vous avez une sorte d'effet combiné des déplacements causés par la guerre et les hostilités militaires, auxquels s'ajoutent les déplacements causés par la sécheresse et les conditions économiques difficiles", a-t-il déclaré depuis Kaboul, assis à un bureau devant le drapeau des Nations unies, deux jours après la prise de la ville par les taliban.

Environ 600.000 Afghans ont fui leur foyer cette année, cherchant à échapper à la pauvreté et aux combats, a-t-il déclaré. Certains ont vendu des organes ou donné leurs enfants en mariage pour survivre, a-t-il ajouté.

L'Onu a actuellement accès à 394 des 401 districts du pays.

Les taliban figurent sur la liste des organisations terroristes des Nations unies.

Interrogé sur la collaboration avec ces islamistes, Ramiz Alakbarov a déclaré: "En ce qui concerne les taliban, le bras humanitaire des Nations unies travaille avec les taliban depuis plus de 18 ans, nous n'avons jamais cessé de travailler avec les taliban. Cela se fait toujours dans le respect du credo humanitaire des Nations unies qui sont impartiales, neutres."

Ramiz Alakbarov a déclaré que les taliban avaient envoyé des messages indiquant qu'ils adoptaient une "position différente" de celle qu'ils observaient lorsqu'ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001, mais il a reconnu que leur collaboration dépendait de plusieurs facteurs.

"Cela dépend vraiment des commandants locaux et cela peut varier même au sein de la province, cela peut varier d'un district à l'autre, de la personne responsable et de son interprétation de la décision. C'est pourquoi je dis que c'est incohérent dans tout le pays", a-t-il déclaré. (Reportage Stephanie Nebehay; version française Anait Miridzhanian)