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(Easybourse.com) Qu'est-ce que l'International Action Programme ? Pourriez-vous nous rappeler dans quel contexte ce programme a été adopté ainsi que ses objectifs ?
Le IAP est le resultat de la conference internationale sur les énergies renouvelables de Bonn 2004.
Il est un complément du REN21 Global Status Report qui est un rapport sur la situation actuelle du marché. Le IAP rend compte des différentes actions volontaires, concrètes et tangibles menées dans le secteur.
L'IAP avec ses ‘voluntary commitments' constitue également un complément à la politique des négociations internationales qui s'appuie sur des déclarations politiques et des accords contraignants. 

En novembre 2006, vous avez réalisé une étude relative à l'avancée de l'application de ce programme. Quelles en sont les principales conclusions et les perspectives dégagées ?
80 % des actions pour lesquelles différents acteurs se sont engagés ont été appliquées dans les deux premières années suivant la conférence de Bonn 2004. Ceci démontre que des accords « soft » de ce type peuvent fonctionner et compléter des accords internationaux, même s'ils ne peuvent pas et ne devraient pas prétendre pourvoir remplacer ces derniers. En nous basant sur notre expérience de cet exercice, nous avons préparé un document d'analyse consultable en cliquant ici.

Un des points de l'International Action Programme consiste à déployer des politiques nationales efficaces afin d'accroître la part des énergies renouvelables dans le monde. Quels types de mesures sont préconisées ?
Les acteurs préconisent les instruments qui sont à leur portée. En ce qui concerne les  gouvernements, ils ont la possiblité d'organiser les marchés pour que les énergies renouvelables puissent se développer. Ils l'ont fait à l'époque pour les autres formes d'énergie qui sont aujourd'hui les plus utilisées.

Qu'en est-il des politiques nationales à l'heure actuelle ? Quelles sont les grandes différences observées entre les Etats ?
Le critère le plus important est l'accès non discriminatoire au marché. Dans le domaine de l'électricité, cela concerne l'accès aux réseaux des lignes, dans celui du transport, cela intéresse le réseau des stations de pétrole. Sur ce dernier point, il faut distinguer un accès non discriminatoire formellement déclaré et effectivement existant. Les reseaux de l'electricité sont effectivement contrôlés par les grands entreprises électriques par exemple au Japon, au Mexique, en France, même en Allemagne et Espagne, moins aux Etats-Unis, aux Royaume Uni et en Chine. En Allemagne, en Espagne et même en Chine, il y a des condition légales spécifiques pour assurer l'accès effectif aux énergies renouvelables. Dans d'autres pays, l'accès existe pour une quantité limitée, et les limites sont très differentes.

Le deuxième critère à prendre en considération est celui de l'égalité des conditions d'accès. En général, le coût d'utilisation des énergies fossiles et du nucléaire n'inclut pas certains coûts sociaux, surtout des coûts environmentaux. Tant que nous n'arrivons pas à internaliser tous ces coûts dans les prix des énergies fossiles, il faut soutenir les énergies renouvelables.

En Allemagne et en Espagne et dans bien d'autres pays européens, il y a des prix minimum assurés pour l'électricité des différentes sources (petit hydro, éolienne, solaire etc.). La combinaison d'un accès assuré et d'un prix minimum assuré (feed in law and feed in tariff) a mené à un grands succès des ER dans le secteur de l' électricité an Allemagne et Espagne (et avant que le gouvernement ne change les conditions, au Danemark). Contrairement aux attentes de bon nombre d'économistes, cette combinaison a aussi mené aux développement d'une industrie d'équipements très performante et innovatrice.

L'autre système pour promouvoir la pénétration du marché est le système des quotas connu aux Etats-Unis sous le nom de Renewable Energy Portfolio Standard (RPS) et au Royaume-Uni sous celui de Non Fossil fuel obligation (NFFO) ou Renewable Energy Obligation (RFO), souvent combiné avec une système de certificats verts ou « green certificats ».

Ce système très apprécié par les économistes a assez bien fonctionné dans les Etats Centraux des Etats-Unis (de Texas au Dakota), mais pas très bien au Royaume-Uni, au Pays Bays ni dans les Etats de l'est des Etats-Unis. La raison est probablement que ce systeme est davantage adapté aux grandes entreprises et aux grandes installations.

C'est pourquoi les habitants près des sites ne participent pas et s'y opposent, et les petits developpeurs et autres petites et moyennes entreprises ne s'y impliquent pas. L'impact industriel dans les pays de ce type de systeme d'obligations a été minime.

Le systeme de quota est devenu le système preferé pour pousser les biocarburants dans le systeme de distribution des carburants et des diesel. Un grand nombre des pays a adopté cette politique, combiné a une politique de standardisation  des produits et d'équipement  dans les voitures.

Qu'en est-il des appels d'offre de projets définis par l'Etat ?
Ce système d'appel d'offre (tendering) a des retombées très positives dans le cadre d'une  phase initiale de développement. Beaucoup de pays en voie de developpement préfèrent pour l'instant utiliser cette politique, y compris la Chine.

En plus de ces formes de promotion par la politique, les incitations fiscales sont également très répandues et très importantes pour les installations des systèmes à petite échelle (par exemple les panneaux photovoltaïques) par les utilisateurs etc., mais aussi pour des parcs éoliens aux Etats-Unis.

En ce qui concerne le marché du chauffage, il semble que le mécanisme de marché ne fonctionne pas facilement. Ces systèmes sont en effet installés dans l'immobilier, dont le marché a été fortement régularisé et où il y a des barrières importantes, causés notamment par la dichotomie entre propriétaires et bailleurs (un problème auquel la France n'a pas encore cherché de solutions effectives à la différence de l'Allemagne où le système des charges fixes compris et chauffage collectif a été abandonné il y a 20 ans).

Le marché de chauffage et de chauffage d'eau est très grand et extrêmement prometteur pour la combinaison de l'économie des énergies par isolation avec l'énergie solaire et d'autres applications thermiques des énergies renouvelables. Ces systèmes devraient remplacer a long terme non seulement le chauffage d'eau électrique mais aussi des chauffages centraux à fioul et même à gaz et certainement le chauffage électrique.
Certains pays méditerranéens comme Israël, la Turquie et l'Espagne ont introduit une obligation générale d'utiliser les chauffage solaires.

L'Allemagne commence à promouvoir un tel système. La Chine est de loin le leader mondial, l'Etat de Sao Paolo en Brésil commence à introduire des réglementations.

Le grand boom bioénergie va créer de nouvelles entreprises puissantes. Vous mettez en avant un manque de fonds dans certains pays en développement pour mettre en œuvre les actions du programme. A combien mesurez-vous le besoin d'investissement global dans le domaine ?
Actuellement, l'investissement dans les énergies renouvelables (sans grands projets hydro) est de l'ordre de 40 milliards de USD annuels et en pleine croissance.

Le manque d'argent n'est pas le problème véritable. En Chine, les fonds ne manquent pas. Le problème est celui de l'absence d'une politique claire, à long terme, et sur laquelle on peut compter. Dan beaucoup de pays, même s'il y a une politique officielle, la mise en application avance avec de grandes difficultés.

Vous évoquez l'idée de créer des agences bilatérales ou multilatérales. Ce type d'agence existe-t-il à l'heure actuelle ? Quelle est leur importance en termes de fonds ?
Les agences existantes bilatérales et multilatérales sont importantes pour le début du développement. Elles participent financièrement dans les premières installations ou dans les investissements des systèmes des propriétés étatiques.

Elles ont pour fonction d'améliorer les conditions institutionnelles, surtout les capacités techniques. Il serait très bon qu'elles puissent créer des conditions pour une escalade (scale up).

La Banque Mondiale travaille actuellement avec d'autres acteurs à un cadre d'investissement pour l'énergie propre (Clean Energy Development Investment Framework) qui viendrait compléter le Global Environment Fund GEF.

Propos recueillis par I.H.

- 24 Janvier 2007 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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